Si tenté est qu’une entité nommée « Dieu » existe réellement et que c’est elle qui a créé le monde, elle sera ravie d’apprendre qu’un groupe de Black Metal lui montre là où elle a échoué. Oh non, il n’est pas question d’un discours sataniste ou anti-chrétien de base déjà vu 6666 fois, c’est juste que le nom de cet album de THE SPEKTRUM résume bien ce qu’il a à nous présenter : Regret Of The Gods. Ah ça oui, les dieux regrettent d’avoir créé un monde qui a enfanté un album aussi insignifiant !

THE SPEKTRUM est un groupe portugais formé à Leiria en 2005. Après une démo, le groupe signe chez Noisehead Records pour Daemonicus Awakening (2009) puis le bien nommé Regret Of The Gods. Le quintette pratique un Black mélodico-symphonique se voulant assez épique, avec une forte emphase sur les envolées orchestrales. L’aspect symphonique de Regret Of The Gods est d’ailleurs plutôt réussi, notamment de par l’apport des nombreux chœurs quelque peu grégoriens, et grâce aux diverses orchestrations qui sont loin d’être en mousse. Mais THE SPEKTRUM n’est pas qu’un groupe de musique symphonique mais aussi de Black Metal, et c’est là que le bât blesse.

Car hormis les parties symphoniques, tout le reste ne vaut pas grand-chose. THE SPEKTRUM se confond dans un ensemble de riffs Black mélo déjà entendus 6666 fois et sans intérêt, sans aucune accroche, avec des trémolos sous-mixés et des paroles clichesques au possible. Pas de cavalcades thrashy à la DIMMU BORGIR, le tempo global de Regret Of The Gods étant plutôt soutenu donc très vite chiant. On est plus proche d’un CRADLE OF FILTH pas très inspiré, c’est-à-dire circa 2003-2006, surtout quand les éléments orchestraux se veulent un peu plus « horrifiques » et que la voix se fait plus narrative. De la voix, parlons-en vu que le chant râpeux et monocorde de Dyrion ne porte absolument pas les compositions, on a parfois l’impression d’entendre du NAGLFAR fatigué (l’aspect mélodique sonnant souvent très « suédois » d’autant que l’album a été produit aux studios Endarker avec Devo Andersson (MARDUK)) ou du KEEP OF KALESSIN… fatigué aussi dans les passages les plus épiques, bien qu’on ne trouve pas de blasts sur Regret Of The Gods. De blasts, parlons-en vu que la batterie n’améliore pas le tout, le jeu de Doubtful étant affreusement basique en plus d’un son qui fait « poc ». Bref, une heure de Black mélodique qui ne casse pas des briques, avec 13 (!) titres qui se ressemblent tous. Seules les quelques montées orchestrales bien fichues retiennent l’attention.

Pour une fois qu’un groupe portugais affilié Dark/Black ne donne pas dans le copiage de MOONSPELL, c’était une bonne occasion de se démarquer que THE SPEKTRUM a ratée. Du Black sympho qui aurait pu être réussi grâce à des parties épiques plus que correctes, mais qui fait pschiiit à cause d’un aspect purement Black sans aucun intérêt, et d’un disque trop longuet et pas assez varié pour justifier sa durée. Il y avait sans conteste bien mieux à faire pour un second album. Dans un genre similaire et « classique mais bonnard », je vous conseille plutôt le premier album des Roumains de SYN ZE SASE TRI que je n’ai pas eu le loisir de chroniquer. Le regret des dieux qu’ils disaient…


Rédigé par : ZeSnake | 09.5/20 | Nb de lectures : 12167