Des homériques batailles de commentaires qu'abritent nos chroniques de groupes de deathcore les plus dispensables, reviennent toujours les mêmes reproches infondés. Nous sommes profondément désolés de refuser d'aller langoureusement fellationner des chibres accusant désespérément pavillon flottant contrairement à ce qu'ils voudraient faire croire. Désolés de ne pas aller surnoter des groupes qui ne valent pas un clou juste pour les encourager, ce qui nous forcerait à coller 52/20 à ceux qui méritent le détour. Désolés de notre éducation à la Spartiate, qui nous fait jouer à aller vérifier si ces jeunes groupes savent voler quand on les éclate du haut d'une falaise. Désolés de devoir insister sur des critères extra-musicaux juste parce que la majorité de ces groupes n'ont RIEN à proposer musicalement. Désolés de pas faire de quartier, mais franchement, vu l'intérêt de ces groupes, on s'en balle les couilles.

Dans cette scène surpeuplée, devoir jouer le jeu de l'indulgence avec chaque nouveau groupe yobr00taldeathcorethx4theadd noierait l'intérêt de ceux qui en valent vraiment la peine. Genre ceux qui possèdent un minimum de talent, de personnalité, et un vrai potentiel, des qualités musicales quoi... Genre The Sons Of Talion.

Parce que sur le papier, qu'est-ce qui va les distinguer? Le fait qu'ils soient à peine majeurs? Leurs innocents visages imberbes assez photogéniques pour aller squatter un sampler Rock One? Le fait d'être aller débaucher du Ricain qui a déjà taffé avec Norma Jean, The Chariot, ou Iwrestledabearonce pour leur artwork? Leur impeccable grosse prod' signée Kevin Pandele (O-nirik, Obdurated)? Ou bien un truc qui change, genre... leurs compos?

C'est bien sur ce point-là que les Bourguignons méritent des louanges. Et comme par hasard, c'est l'essentiel. Car, même en mettant leur jeune âge de côté, les gaziers étalent une maturité assez rare pour un premier album, en particulier dans un genre où il est teeeeeellement plus aisé d'aller se vautrer dans la facilité. Puisqu'une fois passé l'intro au piano un brin clichesque, on passe aux choses sérieuses: partant d'un solide socle metalcore/deathcore At The Gates/The Black Dahlia Murder version bordélico-protéinée, le quintet arrive à esquisser une personnalité bien trempée, en enrichissant sa musique d'influences moins évidentes, et en parvenant à les intégrer avec un naturel assez déconcertant.

Effectivement, de la maîtrise, il en ont à revendre au quintal. Je passerai sur le niveau technique et la mise en place d'enfoirés, puisque c'est limite devenu chose courante, pour plutôt insister sur la richesse des compos qu'ils emmènent où bon leur semble. Ca jongle entre death Krisprolls qui latte sec, blasts et tartinage de double à la clef ("Not Before Dawn"), embardées thrashisantes, solis heavy pour faire plaisir à Papa, refrains metalcore qui puent même pas la cyprine ("I Reached The Sun"), breaks bien travaillés, cassures acoustiques, arrangements grandiloquents au synthé ou accompagnements mélodiques au piano. Et tout cela en restant cohérent. Même le chant, tapant majoritairement dans le growl bien massif, donne l'impression d'avoir de la bouteille dans ses autres facettes, que ce soit en criard-mais-pas-crispant, chanté ou parlé.

Je pourrais encore parler des textes même pas clichesques ou du fait qu'on a pas vraiment l'occasion de s'emmerder durant ces 9 titres, mais vous avez dû intégrer le fait que cette autoproduction (!) regorge de 100 fois plus d'intérêt que toutes ces cohortes de groupes metalcore/deathcore nationaux qui auraient du écouter Papa et Maman quand ils leur disaient d'aller jouer avec leurs petits camarades en répète au lieu de rester scotchés à Myspace. Que les gamins qui se touchent depuis 2 mois sur Suicide Silence ou Despised Icon réfléchissent à deux fois avant d'aller acheter leurs premières guitares avec les étrennes de Mamie, l'erreur n'est plus permise.


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 11259