Si la mode du collectif de groupes se fait de plus en plus systématique, force est d'avouer qu'ils sont souvent de qualité inégale. Surtout quand on les compare au collectif Epsilon qui regroupe quelques uns des plus grands espoirs de notre scène nationale. Jugez plutôt : Dying Tears, Anthemon, Liturgy of Decay (le seul que je ne connais pas, désolé...), The Old Dead Tree et bien sûr The Silent Agony. On a déjà vu plus désagréable comme association de m(ét)alfaiteurs.
Né des cendres de Synoptia, The Silent Agony officie dans un métal à tendance gothique, sombre, souvent écorché et flirtant parfois avec un doom sabbathien mélodique et pas franchement gai. Ce jeune groupe qui accuse à peine trois années d'existence fait en tout cas preuve d'une maturité déjà assez conséquente et il a aisément gagné ses galons de bons groupe digne de représenter notre scène nationale. Pourtant, parler de la musique de TSA n'est pas chose aisée. Non pas que leur style soit particulièrement complexe, mais la variété des ambiances et le style pas toujours facile à définir constituent une difficulté de premier ordre pour tout kronikeur qui se respecte. Si l'intro m'a rappellée de manière flagrante celle du "Abducted" de Hypocrisy, la suite se rapproche un tant soit peu de The Old Dead Tree, en particulier pour les vocaux de Pierre. Si ces derniers ne sont pas du niveau titanesque de Manu, ils sont toutefois performants, en accord parfait avec la musique et sonnent de manière à la fois plaintive, déterminée et propice à la rèverie. Quelques samples et des claviers modérés viennent s'immiscer dans des compositions forcément froides mais non dénuées d'émotions. J'en veux pour preuve le somptueux morceau "Resentment" digne des meilleurs moments d'un Anathema qui aurait copulé avec un My Dying Bride avec au final sept minutes de bonheur indispensables. Il s'en suit d'autres très bons titres comme "My Fate" qui m'a fait penser à du Police sous prozac grâce à sa ligne de basse très jazzy, le mélancolique "Away" qui alterne les sensations en se faisant tantôt contemplatif, tantôt plus énervé ou "Depressed" le bien nommé et son excellent mur de guitares en arrière-plan. Les autres titres sont d'une facture un peu plus classique mais s'intègre parfaitement dans un concept global de tristesse et d'émotion à fleur de peau réussi. On déplorera l'utilisation parfois un peu trop systématique des parties planantes, les vocaux qui connaissent quelques légers ratés, les claviers un peu fantomatiques sur certains passages et une production qui aurait mérité un peu plus de moyens. Pourtant, ces défauts sont encore négligeables et n'influeront que très peu sur le plaisir de l'écoute.
Si TSA nous a sorti ce premier album d'une qualité étonnante, ils pâtissent encore un peu de la comparaison avec leurs comparses de The Old Dead Tree avec qui ils partagent beaucoup de points communs. Mais faisons fi des comparaisons et contentons nous d'adresser nos plus sincères compliments pour le travail fourni. Ils ne vous reste plus qu'à faire pêter une fois de plus votre portefeuille déjà sévèrement diminué cette annnée pour leur donner les moyens de passer de l'excellent au grandiose. Ils en sont capables et seul votre soutien leur permettra de tout mettre en oeuvre pour nous surprendre une fois de plus. http://www.thesilentagony.com/


Rédigé par : Loufi | 15/20 | Nb de lectures : 8229