C’est l’histoire d’un mec qui copie un mec qui copie un mec… Et d’un groupe de death-metal qui prouve, une nouvelle fois de plus, que si parfois certaines nationalités semblent prédestiner certains musiciens à un style immédiatement identifiable, la mondialisation n’a pas encore dit son dernier mot. Prenez THE SICKENING par exemple : même s’ils comptent parmi eux le deuxième batteur de BLOOD RED THRONE, qui avait joué sur ‘Affiliated with the Suffering’ (2003), il y a autant de chances que l’auditeur lambda puisse deviner qu’ils viennent de Norvège que l’équipe de France de football de gagner le prochain Mondial. Rien qu’avec son logo indéchiffrable et sa pochette style ‘méchouis à l’Alien’ signée Phlegethon (le chanteur de HUMAN MINCER), on sait pourtant qu’on a affaire à un groupe de brutal death. Mais voilà, ce groupe formé il y a six ans à Kristiansund dans le sud du pays va encore plus loin en ne faisant une fixette non pas sur ‘juste’ un style mais carrément sur un groupe bien précis : SEVERE TORTURE.

Eh oui, ‘Death Devastation Decay’ est presque le petit frère de ‘Misanthropic Carnage’ (2002), avec quelques plans thrashy en plus. Sauf que malgré le mastering de Dan Swanö, qui ce jour-là devait être en train de faire ses mots croisés en même temps ou je ne sais quoi, déjà cela part mal avec une production bancale qui privilégie au détriment de la guitare la batterie (et notamment les cymbales à outrance) et le chant, quitte à reléguer au fond de la cour, près du local à poubelles, les riffs. Quant au chant parlons-en : plutôt que de se la jouer gorge profonde, le dénommé Stjernestov (avec un o barré) préfère grogner de façon sèche et un peu étouffée comme l’ex-OCCULT et SINISTER, Rachel Hayser, de triste mémoire, méthode discutable tant elle montre ses limites au bout de deux morceaux. En fait, là où THE SICKENING aurait pu faire (un peu) la différence, c’était grâce à ses tricotages de guitare basse qui rappelle un peu le travail d’Erlend Caspersen sur le dernier DEEDS OF FLESH. Or dû aux ‘hasards’ de la production, ces bigoudis n’apparaissent que par intermittence, surgissant sans crier gare comme au milieu de « Slurping Rotten Remains » pour mieux redisparaître trente secondes après sans que l’on sache trop pourquoi… Le plus drôle dans l’histoire est qu’à ses débuts, SEVERE TORTURE étaient eux-mêmes très influencés par les premiers CANNIBAL CORPSE. Or qu’est-ce qu’on retrouve en guise de bonus sur cet album ? Une ch’tite reprise de CANNIBOULE, leur premier ‘hit’ « Hammer Smashed Face » celui sur lequel on a tous emballé au moins une fois en boîte lors du quart d’heure américain.

Alors aveu involontaire ou clin d’œil appuyé prouvant que les gars assument, voire revendiquent leur double recyclage éhonté ? Le jury n’est pas encore parvenu à un verdict. Par contre, pour ce qui est de l’album en lui-même, à moins que cela vous prenne comme une soudaine envie de pisser de vous enfourner dans les cages à miel là-tout-de-suite-maintenant un album de death bien bastos, quitte à passer outre une production boiteuse et un vol à l’étalage aussi flagrant que l'amour de Prince de Lu pour tout ce qui fait résonner le biniou et le bruit des sandales battant en rythme d’un fest-noz, THE SICKENING risquent un peu de passer pour l’équivalent de cette grippe A avec laquelle on a tant essayé de nous faire peur cet hiver : ils ont beau paraître méchants à certains, est-ce qu’on ne risque pas surtout au final de se retrouver avec un paquet de vaccins inutilisables sur les bras?


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 10/20 | Nb de lectures : 12518