Les Anversois de THE SETUP sont attendus au tournant avec ce nouvel album. Après deux disques de très haut niveau qui les avaient intronisés chef de file du nouveau hardcore belge, le groupe a connu une année 2008 plutôt mouvementée. Gros changement de line up avec notamment le départ du chanteur et frontman, Dries, (reviens Dries reviens, fais pas le con merde !) ainsi que du bassiste parti voir si l’herbe est plus verte chez les voisins BORN FROM PAIN. Ajoutez à cela un EP médiocre et leur aura en prend un sacré coup dans l’aile. C’est donc à une bête blessée que nous avons affaire aujourd’hui. La première impression est encourageante, le combo a repris son ancien logo et opté pour un artwork dans la lignée de "Minister Of Death". Le skeud dans la platine et c’est avec impatience mâtinée d’angoisse que je presse sur la touche play. Le premier titre heurte mes esgourdes avec bonheur. Un riff totalement Setupien ouvre l’album avec le morceau titre « Torchbearer ». On retrouve le son si spécifique qui a fait la réputation des Belges. Et cette impression se confirme tout au long de l’album. La sauce a repris et "Crawl&Reign" n’était qu’un petit accident de parcours, un galop d’entraînement afin de rôder le nouveau line up.

Dès les premières notes d’« Hostile Eyes » on sent immédiatement qu’on tient là un titre tubesque dans la lignée de "Burial Ground" avec son riff entêtant et son refrain imparable tout en chœur. THE SETUP est définitivement de retour et continue de creuser le sillon qu’il a lui-même tracé. Leur hardcore est toujours mû par un son de guitare qui leur est propre et un assemblage de riffs définitivement heavy rock et metal porté par une rythmique typiquement hardcore, elle. Un peu comme si HELMET avait recruté la section rythmique de SICK OF IT ALL. C’est ce mélange des genres qui donne ce côté accessible au combo. Je l’ai déjà dit, mais je le répète, Kris ne sera jamais Dries, il l’a compris et n’essaie pas de l’imiter. C’est un bon chanteur de hardcore avec un style propre à lui, qu’il applique au groupe et c’est tant mieux. Sont chant qui me dérangeait énormément sur "Crawl&Reign" passe beaucoup mieux sur cet album. Pour la bonne et simple raison que cette fois on a affaire à un vrai groupe, soudé et uni, pas à quatre musiciens d’un côté et un chanteur de l’autre. La sauce a mis un peu de temps à prendre mais elle prend. Et elle prend bien même si Kris modifie un peu l’identité du groupe de par son chant. Plus linéaire, moins modulable et plus limité que celui de son glorieux prédécesseur, Kris officie dans un registre plus moderne qui amène urgence et saleté au son des Anversois.

Comme dans le hardcore belge tout le monde se connaît, les Anversois ont eu la délicieuse idée d’invité la voix féminine la plus hargneuse doublée du physique le plus agréable du pays : Caro Taanghe, vocaliste des crust’n’coreux d’OATHBREAKER pour un « Tonight » tout en mid tempo qui s’impose d’emblée comme un des moments forts de l’album. Bien sûr « Torchbearer » n’est pas parfait et souffre de quelques défauts. On notera une redondance au niveau de la voix, certaines parties sentent un peu le réchauffé ou les remplissages mais heureusement tout ça n’est pas suffisant pour venir gâcher le plaisir de retrouver les Belges à leur vrai niveau et qui se permettent de finir sur un titre tout en violence retenue flirtant avec le post hardcore. « End Note : The Rising » est un morceau tout entier construit sur la base d’extraits des deux discours politique les plus célèbres du tout jeune XXIème siècle. D'un côté le fameux « Ladies and Gentleman… We got him ! » laché par un Georges Walker Bush triomphateur, de l’autre le « Yes We Can » de Barack Obama. Sur ces fondations, les Anversois viennent poser un riffs à la HEAVEN SHALL BURN version light et une simple phrase psalmodiée et répétée à l’envi «We are the chosen ones and we refuse to sleep, we will fight the curse of this dying world ». Une bien belle fin pour un bien bel album venant prouver qu’il faudra encore compter avec THE SETUP dans le futur.


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 10392