Après seulement une démo en 2003, le one-man band TRoB envahit ma platine avec son premier album "Unlock the Shrine". Aux commandes de l'entité, on trouve le batteur de feu Nagelfar Alexander Von Meilenwald (à vos souhaits) qui s'octroie l'ensemble des activités de son projet. Allez hop, dans le lecteur, pour 70 minutes de joie profonde...

Damned, que j'y ai cru !! Le premier titre "Between Bronze Walls" augurait du meilleur, voire même plus. Une véritable symphonie dépressive, un mur infranchissable de nihilisme, une bombe black ambiant tout à fait inspirée. Mais j'ai dû déchanter dès le premier interlude : TRoB ne parvient pas à préserver la mayonnaise savamment montée. Voila un projet qui me fait lever un sourcil soupçonneux. Où veut-il en venir ? L'objectif d'un album est souvent assez facile à percevoir. Certains cherchent l'efficacité avec des titres taillés pour la scène, d'autres à personnifier l'ultra-violence ou dépasser le record de vitesse de Vincent Perrot, d'autres encore aspirent à la mise en place d'atmosphères ténébreuses. TRoB me laisse un peu pantois. Von Meilenwald semble soucieux de proposer un album de black aux riffs posés et exploités longuement, proche du "suicidal art" de SHINING, décidément style très en vogue en ce moment. Mais il alterne avec des morceaux plus directs et plus raw qui ont moins d'intérêt. Et surtout pourquoi entrecouper tous les titres de longues plages instrumentales/samples qui coupent l'élan initié avec brio par le morceau précédent ?

Comme dit précédemment, "Between Bronze Walls" ouvre l'album de manière tout à fait inspirée et exemplaire. Son black posé et ambiant fait mouche pour plonger l'auditeur dans l'antre du désespoir. Les riffs mélancoliques à souhait sont portés par une voix hurlant de douleur. En quelques minutes, l'ambiance est palpable, captivant l'auditeur prêt à une ultime plongée vers le néant. Mais dès le second titre et premier interlude "Skeleton Coast", le pied est levé et l'intermède de 3'00 s'avère long, cassant la bonne lancée. Il faudra attendre le cinquième titre "The Clockhand's Groaning Circles" pour vraiment voir réapparaître les tristes et hypnotiques mélodies de TRoB dans toute leur splendeur. Les morceaux les plus true s'avèrent plus anecdotiques. Ponctués d'éléments certes intéressants, les riffs sont plus rythmiques et bien moins accrocheurs.

Au final et d'après mes comptes d'apothicaire, l'album comprend 12 plages pour 3 titres 1/2 dans un esprit "suicidal" et 2 titres 1/2 plus true. Le tout est entrecoupé de 6 interludes dont certains très fortement dispensables. A mon goût, ces derniers cassent trop la dynamique mise en place (franchement, en enlevant deux, il tentait le hold-up). Armé d'une production "roots mais pas trop" qui lui colle à merveille, "Unlock the Shrine" aurait pu devenir un flamboiement de black dépressif. Contrairement à certains collègues plutôt dithyrambiques sur cet opus, je trouve qu'il se disperse trop, perdant l'efficacité dans la diversité. Au final, je le trouve bancal. N'ayant pas la parole universelle, je ne peux que conseiller aux curieux de jeter une esgourde sur cet opus et j'attends avec impatience son éventuel successeur...


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 11591