Voilà un groupe que je suis content de retrouver vu la belle grosse mandale que je m’étais mangée avec « The First Fall ». J’leur avais d’ailleurs fait la retape comme un pimp des bas quartiers : « Le groupe sonne donc comme un Dillinger un poil moins démonstratif mais plus hardcore. Excellente découverte donc pour un groupe dont le plus gros défaut est celui de singer DEP mais lorsque les gars auront avalé et digéré cette influence THE RODEO IDIOT ENGINE pourra faire très mal. Gardez donc le nom dans le coin de votre tête car on risque d’en entendre parler dans un futur proche. » Voilà, le futur proche est arrivé et effectivement on entend à nouveau parler d’eux. D’abord via une signature sur un des labels les plus hot de France et de Navarre et un premier album, « Fools Will Crush The Crown », qui nous arrive dans les dents.

D’entrée de jeu, on sent que les gars ont évolué en digérant leur influence Dillingerienne et en se tournant vers un hardcore plus sombre et plus lourd. Y’a moins de notes mais celles qui restent portent plus loin et plus fort elles ont plus de poids. Toutefois le groupe n’a pas opéré un virage à 180°, on sent toujours la touche de THE RODEO dans le jeu de guitare notamment et les premiers jours de Dillinger se font encore sentir. Mais on retrouve maintenant d’autres types de sonorités, d’autres types de riffs et rythme. Des choses qui sentent un peu le Celeste, le As We Draw et l’écurie Throathruiner ou Swarm Of Nails comme en témoigne le titre « Fools Have Taken The Nave » et ses six minutes tout en lourdeur post sludgienne, chose nouvelle pour les Basques jusqu’ici aux tempos plus enlevés et aux rythmiques déstructurées comme sur le final « Discours De La Méthode ».

Tout ça est très bien sur le papier, sur disque aussi d’ailleurs même s’il manque quelque chose pour vraiment faire la différence. Tout est là mais en même temps quelque chose cloche quelque part sans qu’on ne sache vraiment mettre la main dessus. Quelque chose d’essentiel qui dès qu’on pense le chopper nous glisse entre les mains et s’en va. Peut-être un manque de cohérence entre les différentes directions prises par le groupe, un petit manque de nouveauté au niveau de la composition, de variations aux niveaux des lignes de chant ou du chant lui-même. En fait tout est bien fait, mais peut-être trop bien justement d’où une légère impression de scolarité dans la musique du groupe. Comme s’ils avaient bien étudié toutes les leçons de la nouvelle scène postcore/parpaings/black/casquette française mais sans vraiment s’en être imprégné et avoir essayé d’apporter leur touche. D’ailleurs pour tout dire, les morceaux que je préfère sur l’album sont ceux qui sonnent le plus « The First Fall » avec les riffs plus déstructurés et syncopés. Musicalement c’est très bon. Gros boulot au niveau des guitares et de la batterie qui mène le tout à un train d’Enfer. Niveau son c’est du lourd aussi. La production est lourde et râpeuse, les grattes sonnent plus abrasives et la voix plus vomitive que jamais. Certains morceaux comme « Aorta », « Cup Of Tea ? », « The Worst Secret » ou « My Prozac World » bottent des culs par paquets de douze. Les titres les plus courts et les plus incendiaires. Ce n’est certainement pas un hasard car c’est là que THE RODEO IDIOT ENGINE est le plus à l’aise. On les sent plus en recherche dans les titres plus long (enfin tout est relatif) et plus ambiancés, plus lourd.

Maintenant ça reste un bon disque qui passe parfaitement et fait du bien là où il passe mais qui manque de cette petite chose qui fait la différence. Le groupe se place dans l’ombre, prêt à surgir pour s’imposer dans le groupe de tête en fin de course. Pour le moment ils sont là, bien au chaud dans le peloton, à l’affût, mais avec encore un petit poil de travail et de chance la victoire dans le sprint final est envisageable. Un groupe plus que jamais à suivre donc.


Rédigé par : Seb On Fire | 12/20 | Nb de lectures : 12778