Afin de marquer le coup suite à la récente signature du jeune groupe australien chez Listenable pour la distribution de ses albums en Europe et dans le Royaume Uni, c’est un package contenant l’album sorti l’an dernier via Siege Of Amida, « Unconsecrated », et le récent « Lost Verses » constitué de vieux morceaux réenregistrés (principalement tirés du EP « Salvaging What’s Left ») qui arrivera dans les bacs européens le 27 octobre, accompagné d’un DVD que je n’ai pu visionner.

La question de faire deux kros distinctes s’est posée, mais finalement, puisque les deux albums sont sur le même disque, que les productions sont similaires et qu’ils ont été enregistrés par le même line-up, une seule suffira. On attaque donc avec « The Garden Of Impurity » qui ne laisse aucun doute sur les intentions du groupe : pas de quartier ! Du blast, des breakdowns ultra prévisibles, des growls bien gras qui évoquent de temps à autres ceux de Frank Mullen (SUFFOCATION, à n’en pas douter l’une de leurs influences principales), THE RED SHORE ne brille pas par son originalité mais met toute son énergie dans l’exécution d’un death metal brutal porté sur la complexité plus que sur l’accessibilité. Changements de rythmes, contre-temps, brutalité à tous les étages, les Australiens veulent visiblement en mettre plein la tête à quiconque aura la témérité d’insérer le CD dans sa platine et il faut avouer que ça marche… un certain temps.

L’époque est certes au déballage de technique plus qu’à la subtilité et il est dans un sens « facile » de se laisser aller à jouer à fond cette carte, au risque d’y perdre en profondeur. « Unconsecrated » est ainsi un album qui s’inscrit parfaitement dans l’air du temps, bénéficiant d’une grosse prod mettant l’accent sur l’épaisseur des rythmiques de guitares, un album sans cesse en mouvement qui ne s’attarde jamais bien longtemps sur un plan, qui tabasse du début à la fin mais dont on ne retient finalement pas grand-chose hormis une bestialité omniprésente qui ne provoque finalement pas tant de dégâts que ça. A vouloir en mettre plein la vue à tout bout de champs et à viser la complexité pour la complexité, THE RED SHORE s’est un peu perdu en route et a privilégié l’apparence à l’efficacité, tout le contraire de « Lost Verses »…

Les nouvelles versions semblent en effet respecter les anciennes et sont beaucoup plus aérées que les morceaux de l’album. Plus directes, plus conventionnelles en un sens, elles sont d’une certaine manière plus accessibles sans être moins efficaces pour autant ! Les structures plus simples de ces anciens morceaux en font ressortir la brutalité qui se trouve ainsi bien plus ciblée et donc redoutable. Le chant est également plus varié, avec des vociférations black très présentes qui apportent une touche d’agressivité aux growls de Jamie Hope. « Lost Verses » est un album beaucoup plus sec que « Unconsecrated », avec une basse très présente qui gronde dès que l’occasion se présente, un album plus facile à digérer tout en étant bien plus redoutable.

Il semble peu probable que THE RED SHORE s’extirpera de la masse de groupes affiliés deathcore avec ces deux albums. Bien que témoignant d’une maîtrise technique certaine, aucun ne reste longtemps en mémoire bien que « Lost Verses » ait un petit goût de reviens-y. Pour l’instant, il y a encore trop de poudre aux yeux et pas assez de compos fortes ; on apprécie leur effet sur le moment, mais on ne les retient pas. On lui préfèrera THE RED CHORD, par exemple, moins linéaire.




Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 12051