Il y a des disques qui sont difficiles à chroniquer. Ceux qui demandent de l'attention, de nombreuses écoutes. Ceux qui nous emmènent ailleurs.

Ce groupe de Boston formé en 1999, pratique depuis ces débuts un métal hybride, une sorte de fusion entre du grindcore, du brutal death, du metalcore, du techno death, du métal progressif et du mathcore (et oui! la liste est longue).

Mais attention, ici nous n'avons pas affaire à un énième groupe d'extrême metalcore technique sans âme, où les riffs s'enchaînent sans queue ni tête, en passant du coq à l'âne pour épater la galerie. The Red Chord utilise ses influences pour construire une musique monolithique, où le fond et la forme ne font qu'un et cela servi par des textes superbes et particulièrement bien travaillés (le frontman Guy Kozowyk se considérant plus comme un écrivain que comme un chanteur).

Ce qui m'a vraiment surpris à la première écoute de « Prey for eyes » (le 3ème opus du groupe après «Fused Together In Revolving Doors» sorti en 2002 et « Clients » sorti en 2005 chez Metal Blade), c'est l'extraordinaire cohérence des morceaux et cela malgré des influences très variées.

La production de l'album est très compacte, grave, un peu crade. Le type de son qui pourrait déplaire aux oreilles « délicates » des partisans du métal clinique meshugganisé mais qui apporte énormément à la cohésion du disque. Il me semble au final que ce type production est indispensable à la musique de The Red Chord.
Les vocaux symbolisent également cette fusion réussie car malgré la diversité des registres vocaux employés (Death, Power Death, Power Metal, Hardcore), ceux-ci proviennent toujours d'un même timbre puissant, grave et inspiré.

Au niveau de la composition des morceaux :
Les riffs Brutal Death sont très travaillés et virevoltent comme un cannibale en plein repas.
Les riffs grindcore sont bien crades, baveux et déshumanisés comme des vagues de napalm.
Les mosh parts sont tranchés, basiques et sans fioritures. Les passages mélodiques et d'ambiances sont sublimes et prennent aux tripes.

Et quand on croit que le groupe a épuisé son registre, il sort à partir des 2/3 de l'album des pépites Techno-Death et progressives qui rappellent Atheist, Gorguts et même Symbiosis pour donner une bonne référence française. Cet album est un petit miracle car le mélange fonctionne à merveille et cela dans une complète et parfaite harmonie.

Un disque coup de poing, réservé aux fans de musiques barrés et complexes mais qui saura séduire des auditeurs d'horizons extrêmes différents si ceux-ci daignent s'en donner la peine.


Rédigé par : Hush Hush | 16.5/20 | Nb de lectures : 11349