Rhaaaa, mais comment j’ai fait pour passer à côté de ça ??!!

Que celui qui n’a jamais prononcé cette phrase à l’écoute d’un disque me jette la première pierre ? Originaire de Boston, The Red Chord est une véritable inspiration pour les groupes brutaux actuels. Ce cinquième opus, dont la discographie a été pas mal étudiée dans les colonnes de VS, est complexe, massif, prenant, brutal et bougrement sauvage… Sauvage dans les deux sens du terme, sauvagerie barbare et difficile d’accès. Parce qu’un disque de The Red Chord ne s’appréhende pas comme un disque de Cannibal Corpse ou de Madball, il faut y voir plusieurs niveaux de réflexion.

Premier niveau : la découverte (deux premières écoutes).
A ce niveau-là, on ne capte pas grand-chose tant les compos sont complexes et agencées chaotiquement. Ça blaste, ça gueule, ça ralentit, ça part dans tous les sens. Surpris par la sauvagerie et par la complexité présentes, l’auditeur peut décrocher, craquer son slip et laisser l’album couler dans les abysses de l’indifférence. Cependant, certains gardent prise…

Second niveau : le décryptage (troisième à la sixième écoute)
Arrivé ici, l’auditeur commence à comprendre les structures, les riffs télescopés ainsi que les ambiances un peu malsaines. Des titres comme « One Robot To Another » ou « Tales Of Martyrs And Disappear” restent des putains de brûlots death metal dont la technique reste imparable. On arrive également à distinguer des ambiances malsaines comme le final de « Ingest The Ash » avec son riff tordu et sa lenteur presque mortuaire.
Arrivé à ce stade, l’auditeur commence à prendre conscience de la saveur de l’engin et se laisse aller… Continuons.

Troisième niveau : le kiff (à partir de la sixième écoute)
On tape du pied, on hoche la tête, on gigotte dans le baggy et on growle comme un porc… Les écoutes nécessaires ont porté leurs fruits. La technicité est devenu un atout et la complexité d’ensemble est passée d’obstacle à attrait principal.
Comment ne pas succomber face à ces morceaux aux 25 plans ? Comment ne pas être sous le charme des structures alambiquées alternant blasts, sauvagerie, ambiances planantes et riffs ultra techniques ? Comment ne pas être bluffé par le niveau des musiciens, tant par les riffs ultra variés, que par la batterie aux jeux multiples ou la basse disposant de réelles tablatures en montagnes russes ?

Patience est mère de toutes les vertus dit-on. Pour The Red Chord, c’est exactement le cas… Malgré des premières écoutes aussi faciles à comprendre qu’un cours de maths donné par un alcoolique, « Fed Through The Teeth Machine » est un disque d’une richesse incroyable et d’un talent indéniable… De grands musiciens se cachent derrière cette entité.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 16/20 | Nb de lectures : 11982