Innover pour innover, à part à aller se la péter dans deux interviews en s'auto-proclamant chef de file d'un nouveau genre parce qu'on joue des mosh-parts au clavecin et des solis à la flûte de pan, ça sert pas à grand-chose. Et The Psyke Project n'est pas de cet acabit-là. "Apnea" n'est pas non plus le genre d'albums faisant preuve d'une créativité débordante et débridée, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais c'est qu'à l'instar des bovidés, nos lascars savent comme pas deux comment prendre le temps de mastiquer et de digérer leurs influences avant de les régurgiter.

Car The Psyke Project va taper là où bon lui semble, allant récolter la crème de chaque genre pour en faire sa propre tambouille. Ainsi "Apnea" fait la navette entre plusieurs sphères, gravitant entre la froideur plombée et massive des Will Haven, Meshuggah, ou Black Sheep Wall et Plagues en plus récents; le chaos lourd et malsain des Gaza, Converge, du Norma Jean originel et autres Botch; et les éplorements (accalmies incluses) du Cult Of Neurisis style. Oui, tout ça, mais me titillez pas, je peux en trouver d'autres. Si ça fait trop à retenir, du Starkweather à la nordique devrait être la moins grosse énormité à balancer en guise de résumé.

Parce que tout en restant dans les cordes des styles abordés, The Psyke Project s'échappe des classifications strictes avec un naturel troublant. Reposant sur un son impressionnant, Tue Madsen oblige, les coups de boutoirs se font écrasants, les mélodies parfaitement limpides. Ce qui frappe, c'est tout ce travail de composition et de mise en place, les morceaux sonnant extrêmement aboutis. Le secret? Plutôt que de papillonner d'un sous-genre à un autre, The Psyke Project préfère mettre tous ses oeufs dans le même panier. Ca aurait pu casser, mais ici ça passe sans soucis.

Plus ouvert aux accalmies que son prédécesseur, "Daikini", "Apnea" n'en garantit pas moins le même quota de joie de vivre et de chaleur grâce à ces ambiances de désolation omniprésentes, ainsi qu'aux hurlements à la Josh Scogin version réfrigéré. Bref, c'est du mastoc, hormis le dernier titre de huit minutes, mélodies spleenesques et voix claire pas ridicule, qui se charge d'apaiser nos conduits auditifs parfois vraiment malmenés.

Pas grand-chose à reprocher aux bonhommes, donc, même si "Apnea" tient plus de l'assemblage minutieux (mais viscéral) que du véritable génie créatif. Ce postulat accepté, les gaziers de The Psyke Project délivrent un album fouillé et prenant, et devraient grâce à leur signature chez Lifeforce trouver de bien plus larges échos, amplement sous-estimés qu'ils sont depuis leurs débuts. Bien loin de ne jouer que les seconds couteaux, les Danois peuvent d'ores et déjà se targuer d'être des outsiders particulièrement aux aguets.


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 10438