En 2001, j'étais carrément tombé à la renverse à l'écoute du premier disque de ces suédois. "25th hour bleeding" faisait preuve d'une maturité terrifiante pour une première production et son originalité n'était pas vraiment en reste. Subtile combinaison entre la musique progressive si chère aux années 70 et un métal moderne et complexe, THE PROVENANCE avait étonné son monde mais le succès commercial n'avait pas forcément suivi. J'ai d'ailleurs été étonné de ne retrouver cet album dans aucun top de fin d'année ni dans la catégorie "espoirs" de certains magazines qui m'ont déçus une fois de plus. Pour ce nouveau disque, on se place dans la continuité directe du précédent même si les expérimentations semblent être moins nombreuses. Déjà dotés d'une personnalité bien affirmée, il est indubitable que ces scandinaves ne jouent pas dans la catégorie de bon nombre de groupes standards et stéréotypés. Leur musique, toujours aussi difficile à décrire en quelques mots, est souvent élaborée, complexe, peaufinée mais jamais roborative. A l'instar d'Opeth avec lesquels ils partagent quelques similitudes, ils sont passés maîtres dans l'art de composer des chansons assez longues, belles et qui donnent véritablement l'impression de raconter une histoire ou d'évoluer de manière cohérente dans la structure du morceau. Les vocaux, un peu death, souvent clairs, parfois féminins constituent vraiment le point d'orgue de ce disque car aucun d'entre eux ne faiblit ou n'est mis plus en avant qu'un autre. C'est d'ailleurs là un des points d'originalité de THE PROVENANCE car les vocaux sont ici utilisés comme des instruments à part entière et rajoutent énormément d'émotions à l'ensemble qui est, avouons le, déja bien mélancolique. L'ambiance générale du disque, qui ne prête pas vraiment à la franche rigolade, est même carrément dépressive sur des titres comme "at random choose" ou l'instrumental "the ardbeg experience". Autrement, on retrouve beaucoup de l'esprit qui animait les plus grands groupes à l'origine du prog et l'album dans son intégralité est d'une cohésion que n'aurait pas renié le grand Genesis à l'époque ou le Gab' tenait encore le micro sous l'emprise de multiples substances fourrées dans une omelette maison. Pour en revenir à Opeth, je dirais que THE PROVENANCE pourrait être qualifié d'alternative soft pour tous ceux que l'esprit encore trop death de la bande à Akerfeldt rebute. Dans tous les cas, si vous cherchez un groupe original, des morceaux d'un raffinement souvent bluffant, une musique qui vous envahit les sens à chaque écoute et des guitares omniprésentes et maîtrisées, je pense que ce disque est l'un des achats les plus recommandables pour ce début d'année. Même les plus allergiques au prog seront étonnés par le potentiel mélodique à toute épreuve de "still at arms length" et j'estime que tout amateur de metal intelligent se doit de jeter une oreille sur cette galette. Tout simplement jouissif.


Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 10248