Les Suédois de THE PROVENANCE étaient jusque-là les Docteurs Livingstone du métal. A l'instar de l'explorateur anglais explorant l'Afrique, eux défrichaient le metal, à la recherche de leur lac Tanganyka ou plutôt d'un endroit vierge de toute trace de OPETH, KATATONIA, du rock prog des 70's et de toutes les influences plus ou moins directes qui prenaient part à la musique du groupe à leurs débuts. De "25th hour bleeding" à "How would like to be spat at" sorti l'an dernier, cinq années et trois albums sont passés, trois albums, trois pas de géant d'un groupe toujours en mouvement, toujours à la recherche d'une identité la plus personnelle possible. Au fil des albums on a donc vu la part de chant de Tobias Martinsson se réduire au profit de celle de Emma Hellstrom. Les influences progressives qui étaient très présentes sur "25th hour bleeding", n'ont pas disparues, elles se sont elles aussi diluées dans la grande lessiveuse qu'est THE PROVENANCE.

Arrive enfin ce "Red flags" qui voit l'arrivée du groupe chez le prestigieux label Peaceville, après trois albums chez Scarlet. THE PROVENANCE se retrouve dans la prestigieuse écurie britannique aux côtés de KATATONIA, NOVEMBRE, MADDER MORTEM et MY DYING BRIDE. L'occasion pour le groupe sans doute de toucher une plus large audience et de sortir du relatif anonymat dans lequel il baigne encore notamment chez nous. Changement de label donc mais pas de changement de style sur ce nouvel album qui est sans doute celui dont l'évolution est la moindre par rapport au précédent. N'en déduisez cependant pas que sur ce nouveau skeud THE PROVENANCE se repose sur ses lauriers, se contente d'appliquer les mêmes recettes ou manque d'ambition, il n'en est rien. C'est juste qu'avec "How would like to be spat at" le groupe était arrivé là où il le voulait depuis ses débuts: un endroit où aucune étiquette de classification trop facile ne l'attendrait. Reprenant donc les choses là où elles étaient restées, le quintet suédois nous distille sur cette nouvelle cuvée dix nouveaux brûlots dans son style maintenant reconnaissable. L'énergie qui a toujours caractérisé le groupe est ici plus que jamais présente, elle est au service des émotions diverses que nous offre le groupe et surtout Emma, plus que jamais efficace ici. Tobias, plus en retrait apporte lui aussi sa contribution au chant, parfois seul ("Thanks to you", "Leave-takings") mais le plus souvent par des harmonies vocales avec sa comparse, harmonies vocales qui sont une constante chez le groupe depuis bien longtemps. Le chant ne serait bien sûr rien sans la musique toujours aussi inspirée, tantôt furieuse et virevoltante, tantôt sensuelle et envoûtante (écoutez moi ce "Deadened" !), tantôt orchestrale ("Second and last but not always"). Ce qui se dégage cependant de cet album c'est l'homogénéité de l'ensemble, l'ambiance très particulière, feutrée, limite éthérée, la marque de fabrique de THE PROVENANCE que l'on retrouve sur chacun de ses titres.

Je ne sais pas si certains en doutaient encore mais THE PROVENANCE est un grand groupe et ce n'est pas encore aujourd'hui qu'il fera un faux pas, une faute de goût. La surprise est certes un peu moins au rendez-vous sur ce "red flags" mais l'efficacité, la beauté et la sensualité sont elles bien là et c'est bien là le principal.


Rédigé par : Sheb | 17/20 | Nb de lectures : 14573