Troisième album, troisième ovni. Plus le temps passe, plus je trouve que les suédois de The Provenance rendent leur musique exigeante, inédite, limite hermétique. Je n'ai pas tari d'éloges sur les deux premiers et je n'ai pas l'intention de passer ce nouveau disque à la moulinette. Pourtant, il est loin d'être une copie conforme des précédents sans prise de risque ou recherche d'innovation. Tout au contraire.
Pour les retardataires, sachez que The Provenance est une formation qui mélange avec une habileté certaine une vision personnelle du métal moderne avec un rock à forte tendance progressive et typique d'une époque Giscardienne où feeling et extrapolations fortement enfumées et lsd-ifiées primaient sur la technique et la mélodie.
"How would you like..." est à l'image de son titre. Une énigme dont une ébauche de réponse n'apparaîtra qu'au bout de plusieurs écoutes attentives. Les vocalises à double sexe ne sont pas ce qu’il y a de plus important dans la musique de The Provenance et le mixage nous le fait bien comprendre. Ce qui est essentiel dans ce disque c'est le travail sur les guitares et les ambiances. Souvent teintée de psychédélisme, les grattes se transforment en narguilés harmonieux et occupent l'espace sonore tel un épais nuage de fumée fraîchement exhalée (le dynamique "Heroine", "Some gossip on stealing a spouse" et sa basse à la Massive Attack, le plus intimiste "Kick you so hard", l'aérien et intrigant "Spreading to get by"). C'est donc dans la gestion des atmosphères que cette nouvelle offrande se distingue clairement de ses aînées. Si le groupe aime parfois s'emporter un peu, il a trouvé une évidente sagesse qui le pousse à poser bien plus sa musique et à s'éloigner définitivement de la stricte sphère du gothic-metal dans laquelle les critiques (dont moi-même, j'avoue) l'avaient indûment catalogué à ses débuts.
Je conçois parfaitement que vous aurez du mal à vous faire une idée du contenu de cette galette en lisant ces quelques lignes. Vous m'en verrez désolé mais "How would you like..." est un album qui se vit avec les tripes, les oreilles grandes ouvertes et la raison rangée au placard. On sentait les premières contractions depuis un bon moment mais j'en suis sûr dorénavant : un grand groupe de rock est né.



Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 11262