THE PROPHECY - Ashes (Autoproduction) - 01/07/2003 @ 09h48
Voici un groupe qui s’est affublé d’un nom plutôt générique s’il en est, mais après tout pourquoi pas, vu que personne ne l’avait endossé avant eux. The Prophecy ont connu leur première entrée dans la cour de grands à l’occasion des dates de la tournée « Doomination of Europe », très suivies par le public spécialisé, au cours desquelles notre jeune sextet britannique a épaulé des formations établies telles que Morgion ou encore Mourning Beloveth. Pourtant l’appartenance à la scène doom leur sera contestée, soyons en sûrs, car bon nombre de traits caractéristiques de la musique de The Prophecy risquent de s’étirer en barrières sous l’œil rarement condescendant des puristes. « Ashes » jouit en effet d’une approche très mobile au niveau des guitares, d’un débit vocal résolu, et n’hésite pas à pointer la tête dans de grands espaces oxygénés que distingue un emploi abondant des nappes de synthé évanescentes. On peut donc dans leur cas parler de doom/death atmosphérique, une appellation qui, paraît-il, fait bondir d’indignation les tenants du doom en tant que héraut exclusif de la perdition à travers un jeu lent et pachydermique éternellement plaqué contre l’humus des caveaux sans aurore. Pour tous ceux qui voudront bien enjamber le clivage (espérons que vous êtes encore nombreux), reste une galette largement recommandable qui renferme quelques beaux gestes de bravoure. Les guitares de « The Ashes » sont polyvalentes, pouvant se montrer particulièrement mordantes (et tonitruantes grâce à une production avantageuse) lorsqu’il s’agit de gagner du terrain par des mouvements de poignet en chaîne calqués sur une batterie bien rodée à ses modèles mid-tempo. A contrario, si le baromètre émotionnel est au fond du gouffre, les cordes savent retrouver un ton endeuillé et chargé de vibrations abyssales convaincantes. D’autres fois, le tableau est affiné avec l’inclusion de motifs miniatures en saturation stridente qui viennent ponctuer les fins de riffs et assurer ainsi le découpage d’une partie en segments ordonnés - ceci n’est pas sans donner à The Prophecy une petite touche de hargne distinctive fort sympathique. En de (trop) rares occasions on voit poindre quelques reliefs de guitare acoustique qui insufflent un parfum rustico-naturel loin d’être désagréable. Sans cela, « Ashes » distille une bonne grosse louchée d’arguments susceptibles de rallier à leur cause les nostalgiques des vertes années d’Anathema et de My Dying Bride, voire de Tiamat (pour certaines rythmiques en roulements bien appuyées), tout en se prémunissant à travers une science de l’atmosphère impériale d’être pris pour un simple artisan de revival parmi des dizaines d’autres - le solo médian du titre « The Prophey » pourrait fièrement aller frapper à la porte de n’importe quel classique Pink Floydien. Ecouter « Ashes » en fermant les yeux, c’est se trouver sur une colline boisée loin de toute habitation et y emplir ses poumons d’une bouffée de crépuscule, c’est se laisser doucement gagner par la fraîcheur stimulante et les parfums de la nuit naissante ; The Prophecy, il faut le leur reconnaître, savent très bien dépeindre ces épisodes de plénitude figés dans la mémoire dormante de tout individu respectueux de l’instant rare.
Bien sûr le surplus d’énergie injectée dans certaines parties et dans les vocaux bien rageurs se paie parfois par un effet à double-tranchant. En effet, si les morceaux y gagnent en personnalité et en profilage, leur constitution par essence contemplative et ouverte à la mélodie fait que The Prophecy offrent parfois l’image d’un rhinocéros en train de marcher sur des œufs, si vous voyez ce que je veux dire… autant que cela joue contre l’homogénéité d’ensemble du disque : ceux d’entre vous pour lesquels il ne s’agit pas seulement d’un détail devraient y réfléchir à deux fois. Alors quand un « Blackened Desire » enclenche les gaz sur une cavalcade digne de Dismember, c’est carrément la confusion qui s’installe. On regrettera enfin que deux morceaux (« Blackened Desire », justement, et « Till Light Enshrouds ») se fourvoient dans une semi-banalité et un déficit d’inspiration. Deux morceaux ça paraît rien mais en l’occurrence c’est quand même 33,33% de l’album - qui en comporte six - et vu qu’ils sont placés à la fin, cela a le désavantage de laisser l’auditeur partir sur une impression qui ne rend pas justice à la qualité de ce qui précède. Quelque chose me dit toutefois que l’aisance dont disposent The Prophecy pour créer des essors atmosphériques aussi majestueux que l’huile embrasée de leur pochette va les amener à des résultats surprenants dès que l’écorce de maturité du groupe sera entièrement formée. Eveil d’un talent en expansion et réservoir de bonnes sensations, « Ashes » a déjà la gueule du petit tuyau qu’on se passe de cercle en cercle avec la certitude de récolter un minimum de déceptions.
http://www.clix.to/theprophecy



Rédigé par : Uriel | 13/20 | Nb de lectures : 7024




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