Il est étonnant que VS n’ait encore jamais chroniqué une seule des productions de ce projet suédois incroyable. L’erreur est réparée aujourd’hui, si cette chronique vous donne envie d’aller creuser du côté de leur passé. Car en creusant, vous ne retournerez pas la terre, c’est THE PROJECT HATE qui va vous retourner la tête.

Ce groupe balaie tout sur son passage, par sa singularité, par sa brutalité, par sa complexité, par son existence même.
Imaginez le casting de rêve :
- un hurleur puissant et brutal, Jörgen Sandström par exemple, que l’on retrouve chez GRAVE, KRUX, VICIOUS ART et qui a écumé les salles avec ENTOMBED par le passé,
- une belle aérienne pour une touche sensible, Jonna Enckell, qui rappelle Lisa Johanson officiant chez leurs compatriotes de DRACONIAN,
- un guitariste balèze et déjanté, Kenth Philipson, alias Lord K, par exemple, qui officie aussi chez TORTURE DIVISION, MISERY, GOD AMONG INSECTS, et qui a tenu le manche pour DARK FUNERAL en live. Et pour que ce soit parfait, en plus de composer, il faudrait qu’il touche à tout, qu’il soit mégalo. Donnons-lui aussi les claviers et les programmations,
- un autre bon guitariste pour compléter le tableau, Anders Bertilsson, qui jouerait chez RUIN et COLDWORKER,
- un bassiste à la hauteur de la brochette ci-dessus, Michael Hakansson, que l’on trouve chez EMBRACED, ENGEL, INCAPACITY, et qui a joué chez pléthore d’autres groupes comme EVERGREY,
- Et un batteur. Un batteur c’est bien. Prenons Thomas Ohlsson, celui-ci d’AXENSTAR.
Bon, avec cette sélection, vous imaginez le niveau de la musique. Pour vous donner une idée, ils sont aussi bien capables de vous écraser la figure avec le plus pur death, brutal et diabolique, limite sadique et complètement fou, et le passage d’après, de vous envoûter dans une sérénité aérienne, au moyen de beat électro et d’ambiances cinématographiques.

Mais là ne s’arrête pas leur démence. Il leur fallait des invités. Et pas n’importe lesquels.
Ils ont choisi pour les interventions vocales : Martin van Drunen (ASPHYX, ex-PESTILENCE), Johan Hegg (AMON AMARTH), LG Petrov (ENTOMBED), Christian Alvestram (ex-SCAR SYMMETRY) ; et Mike Wead (KING DIAMOND / MERCIFUL FATE) pour les interventions de guitare solo.

Et ils ont réussi un disque à la hauteur des moyens qu’ils se sont donnés.
Dotés d’un son hors du commun, jamais entendu ailleurs, ils ravagent tout simplement l’esprit. Tant qu’il faut être sacrément bien réveillé le matin pour s’immerger dans leur univers.

La sempiternelle formule couplet/refrain a été dynamitée avec enthousiasme. Fini, a pu. Ils enchaînent les plans dans une logique qui leur est propre. Tant et si bien que l’impression d’écouter plusieurs chansons à la suite, parfois en même temps, se fait sentir.
Et pourtant rien d’élitiste dans cette mise en forme. C’est leur manière de procéder, leur identité.

Voilà pour les présentations. THE PROJECT HATE réussit ici un album de grande envergure mais difficile d’accès. Il révèle ses recoins au fur et à mesure, et pas par timidité. Il est tout simplement si riche qu’une année ne suffirait pas à l’explorer.
Que nous réservent-ils pour la suite ?


Rédigé par : Matthieu | 15.5/20 | Nb de lectures : 10670