Nouvelle livraison de chez I For Us Records, le petit label belge qui monte et qui a le don de signer des groupes toujours au minimum digne d’intérêts. C’est une nouvelle fois le cas avec les Suédois de THE PROCESS. Les mangeurs de Krisprolls, qui tapent dans le hardcore moderne, prouvent qu’on peut venir de Göteborg, ne pas faire du mélodeath et ne pas être du tout influencé par le son propre à la ville devenu si fameux dans les années quatre-vingt-dix. Niveau influence, THE PROCESS paye plutôt son tribut à Cursed, From Ashes Rises, Tragedy voire même Refused par moment.

Sur une base résolument hardcore old school, les créateurs de meubles en kit construisent une musique double voire paradoxalement contraire. A la fois crust et élégante, sombre et lumineuse, sauvage et apaisée. Un tourbillon de sensations, de saveurs, d’ambiances et de sons composés par cinq musiciens visiblement impliqués et peu soucieux de suivre la mode du moment (quoiqu'on à connu des temps plus troublé pour le genre). Une musique habitée, voire hantée par les glorieux ancêtres cités plus haut et qui justement semblent prendre toute la place réduisant ainsi fortement la marge de manoeuvre des suédois. Par-là j’entends que si leur musique n’est pas désagréable à l’écoute et même plutôt bien exécutée, elle peine à se démarquer de la masse de groupes officiant dans le même style émo-chaotico-moderne. Pour prendre une métaphore foireuse, dans le grand supermarché qu’est devenu le monde de la musique, y a les produits de grandes marques et les produits distributeurs. Ben THE PROCESS est plutôt à ranger dans cette catégorie. Pas que ce soit mauvais, loin de là, mais il manque l’ingrédient secret et laisse un petit gout de chimique en bouche.

Mais ne nous arrêtons pas sur cette métaphore aussi exacte que vaseuse et entrons un peu plus dans ce "Vultures of Human Decay". Version light de Cursed ou Tragedy avec une pointe de Ceremony mais toujours avec à l’esprit cette volonté de rester écoutable et accrocheur. La basse mixée bien en avant donne un côté joyeusement sautillant à l’ensemble ce qui pèche avec l’ambiance résolument désenchantée de certaines parties de guitares et des lyrics arrachés par un vocaliste qui lui non plus ne se distingue pas vraiment de ses confrères. Le batteur quant à lui se permet quelques accélérations du meilleur acabit mais sa frappe manque de puissance et de rigueur. Ca doit être le côté trop light et policé de l’ensemble qui me donne cette impression d’impersonnalité suintant de la musique des Suédois.

Le groupe gagnerait à s'abonner en salle de muscu et à passer quelques soirées dans les backrooms des boîtes mal famées histoire de stéroïdés son son et de le salir juste un peu pour rendre le tout plus coriace et gouleyant. Mais le groupe n’en est qu’à son second EP et possède de bonnes bases, reste à trouver sa « touch » et à muscler son jeu afin de pouvoir rivaliser avec les cadors du genre. En l’état "Vultures of Human Decay" pourra effrayer votre grand tante Jacqueline mais laissera un goût fadasse à l’amateur rompu aux agressions sonores signée Converge ou Cursed . Un EP qui devrait malgré tout plaire au petit Crown_Me qui sommeille en chacun de nous et/ou qui instaurera une douce ambiance gentiment déliquescente lors de vos soirées bridge du vendredi soir.


Rédigé par : Seb On Fire | 05.5/10 | Nb de lectures : 9856