Vous ai-je déjà dit que BST avait du talent ? Si nous pouvons attribuer le qualificatif de prolifique à un musicos, c’est bien BST qui le mérite. Vous avez à peine le temps d’aller pisser que le maestro vous a pondu des riffs pour trois albums.
Quelques mois après un excellent Aosoth, ce stakhanoviste de l’extrême nous revient via son nouvel avatar qui voit la réunion de quelques personnages douteux dont le talent n’est plus à démontrer. C’est ainsi que nous avons le plaisir de retrouver l’ex-Cradle of Filth, James Mcllroy, à la guitare, Peter Benjamin d’Akercocke à la basse et son ex-compère au sein d’Aborted, Daniel Wilding, à la batterie.
Loin de la tripaille d’Aborted ou de l’étouffante noirceur d’Aosoth, les quatre apôtres ont décidé de nous enrôler dans leur ordre totalitaire où l’évangile se psalmodie dans un black/death qui se revendique comme le chaînon manquant entre la vieille garde suédoise et les jeunes pousses polonaises.

Le rituel d’intronisation au sein de l’ordre démarre par une courte intro à la fois brutale et martiale pour enchaîner sur un titre massif et mid-tempo composé d’un refrain fédérateur asséné en allemand sur lequel on remarque la présence de deux malfaiteurs bien connus de nos services Mkm et Inr. Au rayon des invités, le maestro propose une petite participation de Thebon de Keep of Kalessin lors du titre suivant qui se dévoile très brutal et assez proche de l’école polonaise, Behemoth en tête. Mais ce serait réducteur de cantonner The Order of Apollyon à un simple projet à la manière de Behemoth. BST possède bien plus d’un riff dans sa besace. Vous ai-je déjà dit qu’il était talentueux ?

Si effectivement, l’auditeur retrouve la soyeuse brutalité polonaise, le maître de l’ordre a varié les approches sans pour autant nuire à la cohérence de son église. Ainsi, nous retrouvons avec plaisir de bons vieux passages venus tout droit de Scandinavie comme sur "Fifth" ou "White Dust" où se développent des thèmes épiques et sataniques qui rappellent Necrophobic. De légers effluves de Morbid Angel viennent nous titiller les narines et lorsque l’ordre se lance dans une attaque frontale de Brutal Death ("Flesh of YHVH"), notre esprit dérangé y voit une touche d’Immolation.
BST n’est pas non plus effrayé par le fait d’insérer quelques plans bien Rock’n’Roll ("Never", "Four Beasts") ou à sculpter des instants où l’atmosphère prédomine. Ainsi sur "L’orgueil" qui clôt l’album, l’intro se pare de velléités presque dépressives et même lorsque ce titre part en guerre, il exhale un sentiment de recueillement souligné par les vocaux qui alternent le français et le latin.

Au niveau sonore, c’est massif et cru. On connaît l’aversion du monsieur pour le frelatage instrumental. Cet aspect brut de décoffrage confère indéniablement une identité au combo et évite justement à l’album d’être jété dans la catégorie des clones de la scène polonaise où l’on aime bien la compression de synthèse. Il est à noter que la prestation de Dan Wilding est assez impressionnante surtout que la batterie est plutôt valorisée dans le mix avec un son certifié bio sans triggs ajoutés.

A l’issu de l'album, l’auditeur n’a pas vu défiler les 39 minutes. Il faut dire que les morceaux se montrent d’une efficacité sans faille. Vous ai-je déjà dit que BST était bourré de talent ? Le filou vous trouve à chaque fois le petit riff ou le petit motif qui va vous agripper la nuque pour balancer votre crâne contre le mur des lamentations. Après la prière, il est bien difficile de dire quel morceau vous a le plus marqué même si le refrain d’"Ich Bin Das Licht" possède une belle propension à envahir vos pensées pour le reste de la journée.

En revanche, je ne peux passer sous silence une légère déception. Oh ! Trois fois rien et puis il s’agit d’un premier album malgré l’expérience des inquisiteurs. Simplement, je regrette que le concept totalitaire et martial ne soit pas mis plus en valeur au travers de la musique. Le résultat est pour l’instant l’absence d’une personnalité véritablement affirmé et ce malgré l’intro, le premier titre et instru ambient rappelant un "Arditi" de Spirit of Sacrifice. Ce parti-pris totalement assumé aurait eu le mérite et l’avantage de sortir véritablement le groupe du lot comme l’a réalisé dans un genre différent The Monolith Deathcult avec son "Trivmvirate".

La chrysalide est belle mais j’attends avec impatience que le papillon déploie complètement ses ailes. Vous ai-je dit que de toute façon BST est blindé de talent ?




Rédigé par : Dark Rabbit | 15/20 | Nb de lectures : 14078