Dire que THE OLD DEAD TREE est attendu au tournant est un vain mot... Inutile de revenir sur la qualité de ses deux précédents opus, le groupe ayant en quelque sorte mis KO la scène métal goth française grâce à une musique riche, inventive et une émotion hors du commun. L'heure fatidique du troisième album est donc arrivée pour le groupe parisien qui tient ici l'opus qui affirmera définitvement son caractère ou qui annoncera en quelque sorte le début du déclin car il y a fort à parier que peu seront ceux qui leur laisseront une chance...

Premier constat à l'écoute de ces 11 titres: THE OLD DEAD TREE n'a pas changé son fusil d'épaule. Malgré la perte une nouvelle fois d'un membre -compositeur de surcroit- entre deux albums (cette fois ci, c'est Nicolas Chevrollier qui a quitté le navire), la patte du groupe est reconnaissable avec son chant toujours entre rage et émotion, ses riffs de guitares entre gros accords plaqués mélodiques et parties plus techniques, et sa section rythmique efficace.

Après deux premiers titres symbolisant le yin et le yang du son THE OLD DEAD TREE, d'un côté l'agressivité de "Start The Fire" et de l'autre la relative plénitude de "Don't Wake Me Up", déboule la synthèse de ces deux ambiances avec "Dive": première perle de l'album où l'intro piano/guitare renvoie à ANATHEMA avant que le quatuor déroule toute sa magie au cours de cinq minutes riches en nuances et émotion.
L'ombre d'OPETH survole indiscutablement "The Water Fields" pour cet enchevêtrement intelligent de violence contenue et de mélodie avec toutefois ici un côté pop affirmé et assumé. Un titre comme "The Water Fields" est là pour le prouver notamment avec un chant clair plus que jamais omniprésent et d'une sincérité touchante, des mélodies à la beauté bluffante et des guitares claires se taillant la part du lion, la saturation n'étant utilisée que pour les refrains. Mais qui dit pop ne veut pas dire que THE OLD DEAD TREE tombe dans l'opus coloré aux mélodies guillerettes.

En effet, "The Water Fields" est une œuvre sombre sur laquelle les mélodies vous prennent aux tripes au fil des écoutes (je peux le dire car la première écoute m'avait laissé plutôt pantois alors qu'aujourd'hui la séduction a opéré), où le chant de Manuel Munoz est une pièce maîtresse de la mélancolie véhiculée, le sieur se posant en véritable chef d'orchestre de l'ensemble. Un chant qui ne pourra éviter la comparaison pour le coup avec MUSE, tant certaines mélodies ou harmonies vocales rappellent le trio britannique comme sur "Regarding Kate" ou le final de "Dive" par exemple.
Mais si "The Water Fields" baigne dans un climat mélancolique, le groupe se risque à quelques originalités plus légères qui choquent au premier abord avant de trouver un véritable sens à l'oreille comme l'utilisation d'une pédale wha wha sur "What's Done is Done" qui apporte une vraie dynamique au post-refrain ou encore sur le pont de "Rise to the Occasion", apportant une légère couleur très groovy originale et bienvenue. De même, si la musique se concentre toujours sur une structure basique chant/guitare/basse/batterie, le groupe agrémente ses titres de légers arrangements du plus bel effet. On retrouve donc comme dit précédemment des interventions de piano, mais également des claviers sur "A Distant Light Was Shining" ou "Is Your Soul To Sale", ou encore des arrangements de cordes comme sur le break central de (encore) "A Distant Light Was Shining", ou sur les passages les plus mélancoliques du pourtant très dynamique "Hey".

Peu de défauts à vrai dire pour ce troisième opus qui mérite son titre d'album de la maturité. A mon sens, seule la frappe de Foued Moukid reste parfois encore trop lourde pour coller parfaitement aux ambiances de "The Water Fields". Insufflant une énorme patate aux moments les plus musclés du combo, son jeu mériterait d'être parfois plus léger. Un sentiment appuyé par le fait que la batterie est mise bien en avant au mix, couvrant quelques fois un peu trop le travail réalisé derrière par le reste des musiciens. Mais on arrête là les remarques, Andy Classen signant au passage un très bon boulot une nouvelle fois, qui met bien en valeur la voix de Munoz (on aime ou pas mais perso, je trouve cette mise en avant justifiée vu le travail fourni par ce dernier) tout en imbriquant avec justesse le reste des instruments entre eux pour former une chappe sonore solide, compacte sans perdre en précision. Enfin, il serait dommage de ne pas souligner que les textes sont tout autant travaillés, loin d'être mis de côté et tournant autour d'une thématique propre à l'homme: la manière qu'il a de confronter ses problèmes.

THE OLD DEAD TREE développe son propos avec presque plus de facilité que sur "The Perpetual Motion" avec une maîtrise quasi parfaite de son art de composer, composition qui sent le travail d'équipe à plein nez (ou tout du moins, c'est l'impression qui en ressort!) Amateur des deux premiers opus vous trouverez votre compte dans cet opus classieux. Si vous aviez lâché prise avec le précédent, risquez-vous à une écoute de "The Water Fields" qui pourrait vous surprendre dans le bon sens du terme. Musique ambivalente sous toutes les coutures, on ne s'ennuie guère au cours de l'écoute de titres où les parties agressives sont plus agressives que par le passé et les parties calmes plus touchantes que jamais. TODT poursuit sa route tranquillement sans perdre de sa superbe. Souhaitons-leur de trouver enfin un line-up stabilisé, seul zone d'ombre actuelle qui leur permettrait certainement de voir l'avenir d'une manière encore plus sereine...




Rédigé par : Foofur | 17,5/20 | Nb de lectures : 14610