Exit Throne Records… Avec ce « Aeolian », THE OCEAN vient rejoindre les rangs de Metal Blade Records, aux côtés de THE RED CHORD, YOB, THE CROWN et j’en passe… Enregistré lors de la même session que «Fluxion», «Aeolian» est présenté comme étant le versant Heavy du second opus.

De même que son voisin nordique - le très vénéré CULT OF LUNA, l’approche musicale du combo allemand THE OCEAN a trop souvent été comparée à celle des ricains d’ISIS. Et c’est à mon humble avis plus à tort qu’à raison… Je ne veux aucunement au travers de cette chronique paraphraser les termes employés à l’époque par les chroniqueurs Uriel et Ocean?, tous deux discutant de la démarche originale de création lors de l’analyse poussée et presque chirurgicale du deuxième album de nos amis berlinois (le LP «Fluxion», donc). Avec ces dix nouvelles compositions, nos sept allemands montrent encore une fois qu’ils possèdent une personnalité propre…

Tandis que les cinq de Boston d’ISIS tendent à s’assagir musicalement parlant (compositions plus calmes, plus mélodiques, passages de plus en plus instrumentaux…), les membres de THE OCEAN prouvent que la brutalité sonore reste une des caractéristiques principales de sa musique. Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que THE OCEAN calme un peu le jeu, «Aeolian» (le troisième album en date) présente des compositions d’un ton plus dur… Les orchestrations présentées comme une composante importante du second album sont ici relégués au second plan, renforçant la texture sonore de fond et laissant surtout une place plus nette aux autres instruments. Il faut dire que tout a été fait pour mettre en avant les riffs de grattes génialement pensés par le compositeur principal, alias Robin. Il est clair que les groupes les plus brutaux de la planète constituent toujours une large inspiration pour le sieur. Nous pensons par exemple à MESHUGGAH et ce, dès l’écoute du deuxième plan du tout premier titre «The City In The Sea» (inspiration confirmée également par les plages «Killing The Flies», «Une Saison En Enfer» et «Swoon»). Les rythmiques et riffs de guitares syncopés et déstructurés sont effectivement reconnaissables entre mille ! Ils agrémentent le tissu sonore et tendent à casser par instants les compositions. Mais comme précédemment, les influences du combo restent plurielles… Peu de groupes arrivent d’ailleurs à mêler avec tant de spontanéité des bribes sonores extraites du Jazz, du Metal pur et dur, du Rock Progressif (KING CRIMSON en tête !), du Hardcore Old-School (le titre le plus court de l’album - et celui dont le nom est le plus long «Dead Serious And Highly Profesional» -, s’étirant sur à peine une minute trente, constitue une des compositions les plus évocatrices pour cette influence…) et même de la Noise et de la musique classique !!! Les arrangements sont toujours aussi finement posés et l’on découvre à la deuxième ou à la troisième écoute, quelques nappes de claviers et quelques samples (ou encore quelques notes perpétrées par quelques violons ou violoncelles) discrètement posés au passage d’un break par exemple, apportant une touche des plus lyriques à de nombreux titres (tel que ce «Austerity», ce «Inertia» ou ce «Queen Of The Food Chain»). D’ailleurs ce mélange tout particulier tend à renforcer la profondeur globale du son.

Le chant est omniprésent et THE OCEAN a permis à certains musiciens en provenance des formations maîtresses BREACH, COALESCE et CONVERGE (rien que ça !) de pousser un peu la chansonnette. La résultante de ces vocalises reste des plus agressives, mais les approches les plus mélodiques me font parfois penser à celles d’un certain Devin Townsend, ce qui est loin d’être un mal ! Quelques lignes vocales rappellent également celles d’un certain chanteur du feu AT THE GATES (assez flagrant pour le titre «Killing The Flies»). Bref, si on tient en compte les X changements de plans au sein de compositions parfois longues de presque dix minutes, on ne sait plus où en donner de la tête… De haut niveau, cet album riche en surprises – pour lequel quelques écoutes ne suffisent pas à en saisir toutes les subtilités – en convaincra plus d’un en ce bas monde. En tous les cas, moi, je m’incline…


Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 15732