Fiouuuuuu !!! Ce mois de février 2008 nous amène un sacré morceau de bravoure avec ce troisième album des Néerlandais de MONOLITH DEATHCULT ; une formation dont vous avez peut-être suivi la carrière dans les colonnes de VS depuis leur premier album sorti en 2003.
Ainsi plus de deux ans après la sortie de « The White Crematorium » TMDC nous revient cette fois-ci sur Twilight Vertrieb. Avouez que le fait d’avoir éprouvé trois labels en l’espace de trois albums relève de la performance et vu les cessations d’activité qui ont frappé les précédentes maisons de disques du groupe, la superstition serait presque de mise. Mais passons plutôt à l’objet de notre attention, à ce prodigieux « Trivmvirate », à son death metal moderne fourmillant détails et d’inspirations diverses.

On le savait depuis les tendres débuts post-adolescents d’ « Apotheosis », TMDC était destiné à un avenir florissant. La quête d’une identité musicale conduisant aux évolutions notables sur « The White Crematorium » n’avait fait que confirmer les impressions très positives que nous étions déjà nombreux à nourrir. Certains titres du deuxième album laissaient déjà présager les futures mutations que nous étions en droit d’escompter pour ce troisième album et effectivement « Trivmvirate » est le théâtre de subtils changements mais pas forcément ceux sur lesquels nous avions misés. Alors que « The White Crematorium » orientait les pas de TMDC vers un death plus lourd, plus sombre, plus oppressant, les Bataves ont visiblement décidé de prendre tout le monde à contre-pied en nous concoctant un disque volontairement moderne et brutal tout à la fois. Difficile de dire combien de fois, ce disque a provoqué chez moi un haussement de sourcil interrogatif alors que je le découvrais pour la première fois. Surprenant, c’est bien le mot qui convient la première fois que « Trivmvirate » vient percuter votre platine mais bien vite la surprise cède la place à une certaine jubilation.

Comme à son habitude TMDC a vu les choses en grand. Nous plantant de ses fameuses intro monumentales taillées pour péplum démesuré, les Hollandais ont ici agrémenté leur death metal d’une foultitude d’ingrédients, de couleurs diverses, de textures sophistiquées. Chants tribaux, volutes orientales, relents indus, bruitages électroniques, mélodies d’inspirations classiques, passages purement ambiants, ou lyriques ou encore fortement inspirés par la musique de film, TMDC a visiblement décidé de frapper un grand coup. L’orchestration, de même que les claviers, ont pris une place prépondérante dans l’univers du groupe apportant une diversité et une dimension vertigineuse à des compositions pleines de panache. Il est vrai que les riffs néo-métal « Wrath of the Ba’ath », le chant en allemand et les riffs syncopés qui donnent à « Kindertodeslied » des airs de vieux RAMMSTEIN plus burné que l’original, les chœurs d’opéra, les glapissements black et surtout les passages de chants clairs de « Den Ensomme Nordens dronning » (pour l’anecdote sachez que ces textes devaient initialement être interprétés par Aaron Stainthorpe de MY DYING BRIDE qui a dû déclarer forfait pour quelques incompatibilités de planning) ont de quoi surprendre. Pourtant, c’est probablement sur ces mêmes titres que TMDC tutoie le divin, qu’il nous transporte pour nous laisser sur le cul au terme des énormes quatorze minutes du dernier morceau.

A ces vastes horizons, il faut bien sûr ajouter la barbarie du brutal death qui avait contribué à la réputation des Bataves, le choix de nous rendre moins cons en nous narrant dans ses textes, toujours expliqués en marge, des batailles épiques, des faits historiques piochés sur plusieurs millénaires ou parfois suggéré par la vision de films comme « 300 » ou « Der Untergang » (titré « La Chute » en France). Certes, quelques relents de l’ancienne influence de NILE sur le groupe pointent à la surface de certains passages ou riffs mais TMDC démonte avec ce troisième album qu’il pourrait bien damer le pion à cet hypertrophié du bulbe qu’est devenu Karl Sanders.

On notera, pour finir, que le quintet batave a mis un peu la pédale douce sur son légendaire sens de la provoc pas toujours du meilleur goût et on ne va pas s’en plaindre. A titiller tous les bords politiques à la fois, le groupe ne gagnait pas en crédibilité et menaçait se s’enfermer dans son rôle de tête de con qu’il dominait assez bien d’ailleurs.

2008 sera probablement l’année de THE MONOLITH DEATHCULT en espérant que leurs pas les amènent à promouvoir ce petit bijou sur quelques scènes françaises. Y a-t-il des promoteurs dans l'assistance ?


Rédigé par : Tonton | 18/20 | Nb de lectures : 14523