THE LION'S DAUGHTER - Existence Is Horror (Season of Mist) - 24/03/2016 @ 07h53
"Existence is horror". VDM ? Ouais, un truc comme ça. Et sinon, ce deuxième album du trio maudit de Saint Louis, Missouri ? Ou pas. Noirceur, ténèbres, tension, peur, qui n'en veut ?

Et si tout commençait par un artwork, une nouvelle fois magnifique, de Paolo Girardi ? Comme souvent ces derniers temps, l'artiste italien a le chic pour mettre en images le côté choc de la nature humaine. Le Dan Seagrave made in Ascoli a encore tapé en plein dans le mille avec cette illustration de la dernière chance. Un cauchemar apocalyptique, une invitation à l'abandon éternel, une main tendue qui n'a qu'un but : vous agripper pour mieux vous emmener dans les tréfonds sans résistance. Et y flirter avec l'insondable.
Une fois de plus l'on ne peut que saluer le travail de l'artiste aux biscotos d'acier et à l'esprit dérangé, armé de quelques pinceaux maléfiques en guise de Bocca della verità. Con maestria.

Pour sûr, l'emballage est donc séduisant mais ce qu'il contient l'est tout autant car la bête du Midwest révèle de solides arguments en ses entrailles. Du noir, du gris, du goudron, du ciment, tout ce qui faisait le sel de "Shame on us all", premier album désespéré du trio est toujours présent. Sauf qu'ici, le désespoir s'est adjoint les services d'une rage sourde et cruelle, de celles qui permette d'échapper à une fin funeste. Rich Giordano la hurle, la vomit dès les premières notes de "Mass green extinctus" balancées sans la moindre précaution. Aidé dans sa quête par une section rythmique remontée comme jamais qui modèle riffs dissonants sur embardées sludge de premier ordre, le vocaliste assure le job avec classe. L'ambiance de désolation qui s'empare de "Nothing lies ahead" confirme la tendance : les ténèbres sont dans la place, pas de doute, l'ombre du désespoir plane sur chaque recoin de ces cinq minutes diaboliques. "Dog shaped man" et "Four flies" ne font qu'enfoncer le clou rouillé plus loin dans les mimines, ajoutant à la mélasse blackened sludge une bonne dose de NEUROSIS du meilleur effet. "Midnight glass" repart tête la première dans la brume, le cogneur Erik Ramsier y ajoute son empreinte destructrice, accélérant le tempo pour mieux jouer avec vos nerfs. Hésitation brève, instant de clarté, une mélodie des tréfonds de l'enfer vient boucler la danse de Saint Guy. "The fiction in the dark", interlude instrumental sans grand intérêt, vient brouiller les pistes, le calme avant la tempête ?

Oui. Et pas qu'un peu mon neveu. "A cursed black end" fleure bon la fin de règne avec son tempo ralenti et son ambiance crépusculaire, trompeuse. Et v'là qu'ce brave Eric agite les biceps pour blaster à tout va, un vrai maniaque derrière ses fûts qui sait faire preuve d'adresse pour mener le pauvre auditeur en bateau. Avant de laisser la main aux copains pour la dernière minute, y distillant une mélancolie guerrière qui se fait la malle avec un dernier coup de semonce monolithique. Broum. "They're already inside". Déjà là oui, déjà en vous, ces mélodies funestes d'un destin scellé à jamais. L'un des grands moments de l'album, cette deuxième partie où les éléments se déchaînent, augurant d'un final grandiose. Il l'est. Viscéral et insoumis, "The horror of existence" est le dernier rempart face à l'ultime confrontation. Cinq dernières minutes qui font à nouveau entrer dans la ronde des riffs pachydermiques synonymes d'annihilation. La basse de Fogelbach vrombit et menace. La section rythmique assène ses coups de boutoir XXL et dissonants sans jamais courber l'échine : mode presse-purée activé. Un finish terrifiant, haletant qui clôture l’album façon rigor mortis. Une lente procession d’âmes perdues qui défilent dans un froid glacial et une atmosphère funèbre, ouvrez les portes de l'enfer : terminus, tout le monde descend.

C'est essoré que l'on ressort de ce roadtrip dans les ténèbres. Un roadtrip diabolique et schizophrène produit une fois de plus de main de maître par un Sanford Parker inspiré, masterisé par un Brad Boatright dont on ne sait combien d'heures durent ses jours et ses nuits. Du beau boulot, pour sûr. Qu'ajouter à cela ? Rien en fait. Ou pas grand chose. On aurait bien repris quelques minutes de noire violence en lieu et place de "The fiction in the dark" ainsi qu'un peu de rab d'ambiances poisseuses... mais trêve de pinaillage car c'est bien la classe qu'il convient de saluer ici. La grande classe.




Rédigé par : TarGhost | 16,5/20 | Nb de lectures : 6842




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