Il aura fallu à THE LEGION presque quatre ans pour donner un successeur à l’infernal « Revocation », quatre ans pendant lesquels le groupe a encore mûri et s’est encore plus éloigné du black death brutal qui caractérisait ses deux premiers efforts. L’agression est, rassurez-vous, encore de mise avec « A Bliss To Suffer », et plutôt deux fois qu’une (« Blood Be Gone », « Call Of The Nameless », « The Luring Death », « Man Beast »), mais l’avalanche de blasts laisse souvent place à des moments plus calmes où un chant clair (‘fin, « clair », on se comprend hein !?) permet de développer des ambiances plus posées et malsaines.

L’aura de DISSECTION plane toujours sur les compos les plus brutales tandis que les titres les plus aventureux laissent, eux, plus de place à l’inspiration du groupe, ce qui conduit à un disque plus personnel… mais inégal. Autant, en effet, les chœurs en chant clair cartonnent sur des titres bourrins comme « The Luring Of Death » ou le morceau d’ouverture « Shining Redemption », autant sur un « Inimical », où les riffs sont insipides, le chant et le tempo sans énergie et la double agaçante parce que trop présente, on entrevoit les limites du ralentissement. Tout le monde ne peut pas jouer lentement, et THE LEGION fait à l’évidence partie de ces groupes qui perdent beaucoup de leur intérêt dès que le tempo ralentit. Ce n’était pourtant pas le cas sur les précédents albums mais ici, avec une grosse proportion de rythmes tranquilles, on ne peut que se rendre à l’évidence. « A Bliss To Suffer » n’est pourtant pas un disque bâclé, on sent bien que les Suédois ont cherché à faire quelque chose de personnel et abouti, mais la sauce ne prend pas malgré le gros boulot effectué par Emil Dragutinovic à la batterie.

THE LEGION a choisi d’avancer avec son troisième album, certainement en partie pour ne pas éternellement rester dans l’ombre des MARDUK et autres DIMMU BORGIR auxquels ils ont souvent été comparés depuis leurs débuts, allant même jusqu’à opter pour une entière autoproduction (ils avaient déjà tâté le terrain avec « Revocation »). Il en résulte un album au son moins gros que les deux qui l’ont précédé, mais qui conserve un bon équilibre entre présence des guitares, placement du chant et clarté de la batterie, à l’image de la nouvelle orientation du groupe qui délaisse l’assaut frontal pour quelque chose de plus subtil, au risque de perdre une partie de son auditoire compte tenu de la faiblesse des morceaux calmes.




Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 12181