On savait qu’Eric Galy avait du pif, qu’il savait dénicher les futurs talents pour inévitablement se les faire chouraver l’album suivant par de plus gros labels. Mais là, ça devient carrément irritant à la longue. Non content d’avoir offert au deathcore deux solides valeurs que sont désormais DESPISED ICON et BENEATH THE MASSACRE, Galy records revient narguer nos esgourdes avec sa dernière trouvaille sortie de nulle part, THE LAST FELONY.

Des zicos totalement inconnus (en tout cas, ils ne font rien pour qu’on les reconnaisse), pas de démo ou de EP qui auraient pu nous préparer à la déferlante et paf, un premier album « Aeon of Suffering » faisant office de véritable pavé dans la mare dans une scène deathcore qui n’en finit pas de s’essouffler comme un asthmatique pendant un marathon.

Alors, je sais bien ce que vous pensez déjà, le deathcore c’est la gangrène du métal, une mode passagère, un archétype musical qui se concentre d’avantage sur le visuel de ses t-shirts que sur sa créativité et qui commence à nous courir promptement sur le haricot. Et vous aurez raison… à quelques détails près. Tout simplement parce que tout évolue un jour ou l’autre. Ainsi le petit deathcoreux à mèche dont on aime se gausser sera probablement le fan de métal extrême de demain et que le deathcore des indécrottables pignoleurs de breakdowns qui recyclent encore et toujours les mêmes plans peut compter les jours qui lui restent avant de devenir totalement obsolète.

Ainsi, THE LAST FELONY et sa première galette incarnent une nouvelle vision du genre en proposant une musique lorgnant ouvertement vers la technicité d’un brutal death totalement barbare voire et, parfois même, sur le black metal, présent sur quelques riffs et l’ambiance d’interludes. On pourrait même avancer que THE LAST FELONY pratique, en fait, un brutal death incorporant quelques éléments deathcore ; une tournure qui serait indéniablement plus proche de la réalité.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que pour un premier album, ça tabasse assez sèchement avec, en tête, une batterie qui sert de véritable TGV à l’album tout entier. On ajoute là-dessus un duo de guitaristes énervés, les growls d’un bûcheron en rut qui ne visite que très occasionnellement les braillements classiques au deathcore, quelques ambiances plus malsaines que glamours et vous obtenez THE LAST FELONY.

Du côté des invités, signalons, tout de même la présence pas si surprenante de Gabriel McCaughry alias Gab.357 ancien chanteur d’ION DISSONANCE qui vient pousser la gueulante sur « A Cathedral of Flesh and Fluids » et à qui l’on doit également les espèces de papous modernes de l’artwork ; ainsi que celle du moins connu Iraabbas, claviériste de NéFASTUS DièS, venu plaquer quelques nappes de synthés funéraires sur deux interludes dont je vous causais quelques lignes auparavant.

Toute médaille ayant son revers le seul reproche que je ferai à ce disque résiderait dans sa teneur particulièrement dense qui a d’indésirables points communs avec le lavage de cerveau et le lave-linge. C’est sans doute pour cette raison qu’on ressort passablement « rincé » ou abruti au bout de plusieurs écoutes consécutives. Une paire de passages moins « compacts » n’aurait pas été une mauvaise chose pour préserver l’intégrité des boîtes crâniennes et je suis déjà trop esquinté pour pouvoir résister à une trépanation supplémentaire.
Vite, un aspro !




Crown_Me

Hormis s'ils s'étaient amusés à poser nus et enduits de sirop d'érable sur leurs photos promos, il aurait été difficilement possible pour les mulasses de The Last Felony de revendiquer encore plus leur nationalité québecoise. Tournée avec Cryptopsy, dates avec Despised Icon et Beneath The Massacre, cover signée Gab357 l'ex(cellent) hurleur d'Ion Dissonance, qui vient aussi poser son feat en compagnie d'autres beugleurs du terroir (du Neuraxis, du Nefastus Dies et du Camilla Rhodes), faut bien que ça laisse des traces. Et tout ça débarque chez Galy Records... Faut vraiment que je passe à la description du boucan ici pratiqué?

Eh bien allons-y gaiement, enfonçons des portes ouvertes alors! The Last Felony pratique donc du gros deathcore de mulet, hyper technique et bordélique. Ça va donc directement piétiner les plates-bandes d'un Despised Icon, impression renforcée par la proximité des grains de voix et de leur variété, hormis que là leur nouveau lascar est tout seul! Finalement les Montréalais y ont bien gagné au change, puisque son prédécesseur a lâché le groupe pour aller plomber Ion Dissonance sur "Minus The Herd", autre influence de poids ici. La froideur et la vitesse d'exécution ne devraient pas non plus dépayser les groupies de Beneath The Massacre, même si à la place des guitares qui font weeooouuuiip-weeooouuuiip ça hésite pas à taper dans le légèrement blackisant via les accélérations voire les ambiances, un peu à la manière de leurs chums de Nefastus Dies.

Il faut donc bien l'avouer, ce patriotisme est envahissant. Très envahissant. Reste que vu comment ça tarte, le tout appuyé par la prod' de Jef Fortin (Neuraxis et co) qui ne déroge pas aux standards locaux en vigueur (son anti-organique et grosse caisse surtriggée) on ne leur en tiendra trop rigueur. Malgré le fait qu' "Aeon Of Suffering" ne fera probablement qu'office de casse-croûte, et ne cantonnera pour l'instant The Last Felony qu'au rôle de petit frère de la scène québecoise. M'enfin consistant le casse-croûte, quand même...


Rédigé par : Tonton feat. Crown_Me | 14,5+13,5:2=14/ | Nb de lectures : 10838