Bizarre, vous avez dit bizarre ? Ouais mais quand c’est moins bizarre que quelque chose qui l’est déjà, bah c’est plus trop bizarre en fin de compte. Bizarre, THE KONSORTIUM l’est. Déjà pour des raisons extra-musicales, ce groupe norvégien formé en 2003 maintenant un mystère autour de ses membres, simplement nommés « Member 001 » à « Member 004 ». Membres pourtant présents sur les photos promos, mais affublés de masques et de costumes originaux (voir la longue cape d’un d’entre eux).

Ce quatuor de Stavanger est aussi bizarre musicalement. Le groupe s’est fait remarquer à plusieurs occasions, déjà avec leur démo 4 titres de 2008, puis sur la compilation Old Crõwn, New Spawn en proposant une reprise de "You May That Wither" de VED BUENS ENDE (groupe bizarre s’il en est), reprise aussi présente sur le split EP avec SATANOCHIO (ce nom, ce nom !). THE KONSORTIUM débarque enfin chez les Polonais d’Agonia Records pour leur premier album éponyme, prévu depuis un petit moment. Et là, leur potentiel bizarre va exploser…

THE KONSORTIUM pratique un Black avant-gardiste typiquement norvégien, que ce soit dans le Black ou dans l’Avant-garde. Les noms de DØDHEIMSGARD (période Satanic Art), VED BUENS ENDE (bien évidemment) ou encore VULTURE INDUSTRIES viennent immédiatement à l’esprit à l’écoute de The Konsortium. Mais ce n’est pas tout, car pour l’aspect purement Black, THE KONSORTIUM nous balance des riffs plutôt acérés et des blasts ravageurs, dans un esprit Black/Thrash débridé qui évoque pas mal les accès les plus violents de SATYRICON (donc le bouillonnant Rebel Extravanganza) tout autant que ses atmosphères plus sombres (donc tout depuis Volcano), ou encore des combos apparus plus récemment comme SARKE ou NIDINGR (d’autant plus que Teloch a assuré quelques parties de guitare sur cet album), bref du BM dans la pure école norvégienne. Assez classique dans la forme bien que pratiquant un style assez téméraire, THE KONSORTIUM parvient pourtant à convaincre, mais pas totalement…

The Konsortium démarre pourtant sur les chapeaux de roue avec l’excellent "Gasmask Prince" ou le groupe pose son style fait de riffs incisifs plutôt efficaces, de breaks à effets psychédéliques et d’alternance entre chant Black agressif et chant clair typique des groupes « décadents » (notons aussi que Erlend Hjelvik de KVELERTAK participe à cet album). Les Norvégiens allumés maintiennent leur tension avec "Lik Ulven", très sombre et monolithique mais toujours percutant grâce aux blasts omniprésents, ainsi qu’avec "Under the Black Flag" aux rythmiques entraînantes. Mais une fois pris dans l’ambiance noire et étrange du disque, on ressent très vite une légère sensation d’ennui. La faute à plusieurs éléments, déjà à cause de la prod manquant vraiment de relief, mais aussi à cause du tempo globalement ralenti en milieu de course (8 morceaux pour 36 minutes). Des morceaux comme "Decomposers" et "Slagens Barn" essayent alors de développer des passages plus lancinants, mais les compos n’arrivent pas à suivre et la sauce ne prend malheureusement pas. Le groupe est définitivement plus convaincant quand il poutre un minimum, en témoignent les deux morceaux de clôture que sont "Onwards! Onwards!" (avec des vocaux trafiqués à la manière de certains morceaux de DIMMU BORGIR) et le plus torturé "Tesla".

S’il n’est qu’un groupe « de plus » dans la fratrie norvégienne décadente/avant-gardiste, THE KONSORTIUM est malgré tout un combo de qualité et The Konsortium est plutôt un bon début. Les atmosphères sombres et parfois psychédéliques sont assez personnelles, les compos purement Black envoient, c’est déjà ça de pris. Ne reste plus qu’à améliorer quelques trucs ici ou là (les passages plus posés, l’utilisation du chant clair, la prod, les blasts qui sont un peu de trop à certains égards), et THE KONSORTIUM pourra devenir un groupe de grande classe, ce dont je ne doute pas une seconde. Un premier opus à découvrir d’urgence pour les fans de Black… bizarre (même s’il y a du plus bizarre déjà en stock).


Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 12233