En 2006, alors que BETWEEN THE BURIED AND ME commençait à sérieusement se faire un nom et que PROTEST THE HERO sortait son premier album, un autre groupe de « Metalcore progressif » avait fait une petite entrée remarquée avec son premier album Nocturne : THE HUMAN ABSTRACT. Le combo de Los Angeles avait crevé l’écran avec son Metalcore mélodique aux compos très travaillées. Mais deux ans plus tard, patatras : Midheaven, leur second album, avait pas mal déçu les fans, à vouloir trop s’orienter vers une sorte de Rock/Metal alternatif très porté sur les chants clairs et la quasi-disparition de leur côté fouillé. Trois ans plus tard, alors que le groupe s’apprête à sortir son troisième album, de l’eau a eu le temps de couler sous les ponts. La scène Deathcore a explosé, BETWEEN THE BURIED AND ME est devenu une référence, des formations mariant les deux influences précitées sont apparues (VEIL OF MAYA, THE CONTORTIONIST), et le Djent est arrivé d’un coup sans prévenir. Du coup, THE HUMAN ABSTRACT, pour ne pas se faire perdre de vue, a décidé de prendre le train en marche avec Digital Veil…

Enfin, c’est l’impression que donne la globalité de l’album. THE HUMAN ABSTRACT redevient nettement plus « Metal », les chants hurlés typés Metalcore/Deathcore se payent une bonne part du gâteau même si le chant clair est toujours là, les rythmiques de guitare sont plus tranchantes, les patterns de batterie plus percutants, les mélodies plus alambiquées, et les morceaux nettement plus énergiques. Et ça démarre fort une fois passé l’intro "Elegiac", avec les excellents "Complex Terms" (bien équilibré entre mélodies, solos mirifiques et accès frappadingues, avec un chant rondement mené) et "Digital Veil" (un véritable tube de Deathcore progressif). Mais dès le single "Faust", ça se gâte un peu. Si le groupe réussit toujours son coup avec ses structures complexes mais accrocheuses et ses quelques rythmiques bien appuyées, l’aspect trop mélodique, avec la guitare lead omniprésente, n’arrive pas à convaincre et le chant clair devient un peu gonflant (surtout que le morceau est assez long, plus de 5 minutes pour un album qui n’en fait que 36 au total). Le reste de l’album ne parvient alors plus à maintenir l’équilibre parfait entrevu sur "Complex Terms", malgré de bons passages punchy ici et là ("Holographic Sight" qui est cependant bien inférieur au morceau-titre, "Patterns" plutôt bien ficelé dans son ensemble), et l’aspect mélodique sonne décidemment trop mielleux, en témoigne le début de "Antebellum" ma foi très indigeste, et certains solos paraissent interminables ("Horizon to Zenith").

Bon encore une fois il faut saluer la performance musicale (mention spéciale au batteur) et l’évolution du groupe en termes de compositions, le choix de se diriger vers des structures plus complexes est un pari risqué mais réussi. Mais le trop-plein de guitares mélodiques est une fausse bonne idée, ainsi que l’utilisation du chant clair, même si ceux qui avaient trouvé en Nocturne un chef-d’œuvre (ce qui n’est pas mon cas) n’auront aucun mal à apprécier cet aspect de Digital Veil. THE HUMAN ABSTRACT rentre certes un peu dans le rang de toute la scène Metalcore progressif (en y incluant certains combos Djent et la plupart des groupes signés sur Sumerian) mais arrive tout de même à livrer un album tout à fait correct pour le style. Mais il va quand même falloir en montrer un peu plus pour devenir un groupe de grande classe (se contenter d’aligner les leads à la pelle ne fait pas tout). Et au vu du hit qu’est "Digital Veil", ainsi qu’au niveau de tout l’aspect rythmique alambiqué, il y a de quoi faire quelque chose de grandiose et puissant…


Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 13066