Un des groupes les plus influents dans la scène hardcore actuelle, rien de moins, voilà ce que sont les 5 Bostoniens de The Hope Conspiracy. Avec leurs comparses d’American Nightmare et Bane, ils ont contribué à relancer la scène old-school à la fin des années 90 en y apportant une touche plus rock’n roll, un son plus écorché et plus brut, sans nons plus sonner trop ‘Youth Crew’ comme la plupart des groupes de old-school de cette période. Ils ont directement inspiré des groupes comme Modern Life Is War et The Suicide File parmi les plus connus actuellement. Après maintes tournées et projets divers depuis leur dernier album ‘Endnote’, et notamment un EP sorti en début d’année intitulé Hang Your Cross censé nous faire patienter jusqu’à l’automne, le groupe nous propose sa nouvelle œuvre enregistrée aux Godcity Studios, dirigés de main de maître par Mr Kurt Ballou. Boston, Ballou, HC, jusqu’ici, nous sommes en terrain connu et logique. Il y a tout de réuni pour qu’on tienne une bombe et j’étais particulièrement impatient qu’elle m’explose entre les oreilles.

Une fois n’est pas coutume, je vais essayer de détailler ce que je pense de chaque morceau, ayant suffisamment écouté l’album depuis que je l’ai reçu.

Autant être honnête : le 1er titre, ‘They Know Not’, est monumental. Une montée en puissance lancinante et sombre avec ces bruitages de porcherie, la voix de Baker planante et presque prédicatrice. Je lui trouve carrément un côté Toolien, ce qualificatif devant se suffire à lui-même. Changement de rythme et d’atmosphère pour ‘Deadtown Nothing’, déjà présent sur le EP, on retombe ici dans les eaux connues de ‘Endnote’ : plans typiquement HopeCon, à la frontière entre chaotique et old-school classique, un titre un peu décevant après une telle entrée en matière. C’est encore plus vrai pour ‘A Darkness In The Light’, on croirait écouter ‘Endnote’, cachet très rock’n roll, guitares dissonnantes, basse prépondérante, chant d’écorché vif avant une fin apocalyptique. Non pas que ça soit un défaut mais le malaise s’installe : mince, ils se sont pas foulés ou quoi ? Quand les premières notes de ‘Animal Farm’ résonne, je suis pris d’un doute : j’ai bien mis le dernier HopeCon là ? On dirait carrément les Strokes ! Ouf, le chant de Baker dissipe le malentendu, tout comme le passage en saturation des grattes. N’empêche, il détonnerait sur aucun album de groupe en ‘The’, ce morceau. Pas mal du tout quoiqu’un peu répétitif. On retombe dans le typique avec ‘Curse of the Oil Snakes’, titre énigmatique au possible. Le titre suivant figurait déjà sur l’EP, ‘Hang Your Cross’, et je l’avais déjà apprécié à sa juste valeur : le break ultra-chaotique en milieu de morceau, la voix presque chantée, la fin saccadée et épileptique, du tout bon comme Jacques. Arrive‘Suicide Design’ et cette fois encore, ce côté ‘The Ce Que Vous Voulez Ici’ est assez perturbant avec un duo basse-batterie en guise d’introduction, des guitares mélodieuses jamais agressives et un groove certain. ‘Leech Bloody Leech’ est lui plutôt anecdotique, aussitôt démarré aussitôt terminé. ‘So Many Pigs, So Few Bullets’ passe lui aussi très, trop, vite pour qu’on l’apprécie vraiment, même s’il est un peu plus recherché. On retrouve enfin l’ambiance du début d’album sur ‘Sadistic Sacred Whore’, un morceau très chaotique rempli de voix subliminales et de sonorités inquiétantes donnant au tout une ambiance‘à la Buzzoven’. Pour terminer en beauté, ‘Stolen Days’ est selon moi le meilleur morceau de l’album, ni plus ni moins. On retrouve ce mélange Buzzoven/Tool mais avec cette patte HopeCon si caractéristique : les mélodies très rock’n roll sont nappées dans un chaos que la voix déchirée de Baker contribue à forger de manière incroyable. Terrible !

Côté production, il n’y a rien à dire : Balou a fait un travail impeccable avec les musiciens, le mixage est parfait, la caisse claire sonne comme une caisse claire (je n’ai pas entdétecté de triggs, ça n’a pas l’air d’être les habitudes de la maison), basse et guitares sont grasses et crades comme il se doit. L’artwork est très réussi aussi : à première vue on n’imagine pas que c’est un disque de HC, plutôt un truc de stoner ou de doom. Mais le visuel colle très bien à l’atmosphère un peu désespérée de la musique. Enfin, je n’ai pas épluché les paroles mais elles semblent toujours aussi sombres, ce dont on aurait pu se douter au vu des titres.

Un album finalement très contrasté selon moi : des morceaux épiques de toute bôôôôté, et plutôt détonnants par rapport à l’ensemble de l’œuvre, sont éparpillés au milieu de morceaux un peu trop expédiés et ‘classiques’, qu’on oublie finalement très vite. Nous sommes dans la continuité d’Endnote , un album beaucoup plus sombre et chaotique que ‘File 03’ et ‘Cold Blue’, que j’avais pourtant préférés. Les espoirs que j’avais placés en cet album ne sont donc pas pleinement satisfaits. Il n’en reste pas moins que ce groupe donne tout ce qu’il a en live et qu’ils viendront sûrement par chez nous le démontrer pour promouvoir cet album.


Rédigé par : Candira-Thon | 13/20 | Nb de lectures : 13128