A l'heure où la presse française est réduite à un seul magazine mensuel complété par 2 bimestriels (dont un gratuit) et un trimestriel, c'est un état de fait de dire qu'Internet est en train de prendre le pouvoir en tant que média incontournable et dominant dans le petit monde du métal français.
Et je ne ferai pas de langue de bois en affirmant que nous ressentons et constatons cette réalité tous les jours, tant les sollicitations se multiplient et se font de plus en plus insistantes afin d'obtenir des faveurs de notre part.

Cela fait longtemps que les avantages en nature et petits cadeaux divers s'accumulent dans le courrier, qu'on nous envoie des chauffeurs avec voiture pour nous amener aux concerts, que les invitations pour des listening sessions tous frais payés se refusent faute d'hôtel 4 étoiles et que des filles siliconées squattent la plage de coke située devant ma piscine.
Bref, il va de soi que nous sommes bien entendu sourds et insensibles à ces appels du pied et que nous nous acquittons de notre travail avec rigueur, discipline et neutralité, tel un arbitre de Ligue 1 se préparant à officier pour un match de Ligue 1 comme celui opposant l’Olympique Lyonnais et l’OGC Nice.

Constatant la force de notre déontologie et de notre inflexibilité, il leur fallait bien trouver autre chose... et voilà que nous sommes aujourd'hui en face d'une nouvelle manœuvre ayant pour unique objectif de faire pencher la balance en la faveur d'un artiste, cette fois-ci c'est The Haunted qui nous fait les yeux doux.

Évidement ça saute aux yeux, c'est gros comme une maison, gros comme une blague d’Ultra Vomit, gros comme les lolos de Lolo Ferrari ou comme la photo d'une chanteuse de métal dévêtue dans les news de VS... je veux bien entendu parler du titre de ce nouvel album de The Haunted qui reprend le sigle de votre webzine préféré. Mais nous ne sommes pas les seuls à subir les avances de The Haunted avec ce nouvel album qui affiche sur sa pochette les fameuses taches de sang rouges caractéristiques du design du site de nos confrères Thrashocore. Si ces derniers ont choisi de montrer leur indépendance en changeant au plus vite le design de leurs pages pour éviter les amalgames, nous optons pour une démarche opposée qui correspond à celle du groupe Anthrax suite aux affaires liées à la poudre trouvée dans du courrier après les attentats 11 septembre 2001... et je le dis haut et fort : "WE WILL NOT CHANGE OUR NAME" !

C’est donc avec un extrême détachement, et l’impartialité qui me caractérise que j’ai entamé les premières écoutes de "Versus" gardant en mémoire la déconfiture du précédent album proposé par nos Suédois.
On pouvait légitimement s’attendre à un retour à un style plus musclé de la part du groupe étant donné que le guitariste Anders Björler et son frangin bassiste, Jonas Björler, se sont amusés à réinterpréter du At The Gates pendant la récente tournée de reformation du groupe.

Et on y croit encore plus lorsque débute le titre d’ouverture "Moronic Colossus" qui propose des riffs entraînants et un chant à l’arrache caractéristique de Peter Dolving. La mise en bouche est parfaite et on s’apprête à déguster un festin. "Pieces" poursuit sur cette bonne impression malgré quelques passages plus mid tempo et des tentatives de chant plus posées de la part de Peter. Les accélérations fracassantes sont de retour ("Faultline”) associées à des breakdowns ("Little cage") et des riffs thrash agrémentés de solos qui swinguent.
Cette bonne impression d’avoir retrouvé un The Haunted au mieux de sa forme reçoit en plus de cela, la bonne surprise d’être complétée par des chansons mid tempo, plus intimistes et mélancoliques ("Iron mask" ou "Skuld") qui tiennent la route et ne déroutent pas trop les amateurs du groupe.

Alors ça y est, The Haunted a trouvé la bonne formule en évoluant lentement tout en donnant satisfaction à ses fans ?
Et bien euh… comment dire… pas vraiment !

Il faut avouer qu'on a l'impression que tous les ingrédients sont bien présents et que la mayonnaise devrait prendre bien vite, on sent bien qu’elle monte un p’tit peu au début, au final le sentiment de déjà entendu prédomine. Il manque le petit quelque chose qui ferait de certains titres de vrais hits. De plus, les quelques nouveautés perçues ressemblent finalement plus à des fonds de tiroirs vidés à toute hâte qu’à autre chose.

En y regardant de plus près, "Versus" est une espèce de "Revolver"-bis en moins bien, un résultat réellement insuffisant si on se fie au reste de la discographie du groupe. Si l’idée d’appeler ce nouvel album "VS" était bonne (toute publicité est bonne à prendre), il faudrait que The Haunted soit plus performant et convaincant pour attirer mes faveurs à l’avenir. Et s'ils sortaient tout simplement un très bon disque ? C'est tout ce que je leur demande.


Rédigé par : VsGreg | 12/20 | Nb de lectures : 13329