THE GRIEVING PROCESS a de quoi énerver. Combien de groupes peuvent se targuer d’avoir écrit, enregistré, signé sur un label d’envergure et sorti un album, tout cela moins de 12 mois après leur formation? Dans le Métal, pas beaucoup (aucun?). On pourrait donc émettre quelques soupçons bien légitimes. “Assimilated Deformation” serait-il une bouse sans nom? Une telle précipitation est plus digne des boys bands castés et castrés que d’un style exigeant pour public averti, alors TGP: les 2B3 du Death?
Un premier constat s’impose, les membres de THE GRIEVING PROCESS n’ont pas le torse musclé, bronzé et huileux propre aux “groupes de garçons” d’antan. Pas plus que les cheveux raides et l’air androgyne de ceux d’aujourd’hui. Et si “Assimilated Deformation” n’est pas dénué de défauts, THE GRIEVING PROCESS est bel et bien un groupe énervant... et énervé.

Après une introduction toute en pulsations mécaniques, “Assimilated Deformation” démarre par une section pesante et répétitive, une montée en puissance avant d’enchaîner sur un déluge de blasts et de riffs oppressants qui sentent fort le CRYPTOPSY ou le SKINLESS. La batterie, complètement hystérique, s’inspire largement de celles de Flo Mounier ou de Longstreth. Les guitares sont tantôt pesantes, tantôt rapides et dissonantes. Des mélodies assez simples, énergiques et lumineuses à la “None so Vile” tranchent aussi dans ce saindoux. C’est méchant, ça tabasse fort, mais avec Seagal et Norris aux 6 cordes, pouvait-on s’attendre à autre chose qu’une clé de bras et un coup de saton dans la rotule?
Van Damm a, lui, décidé de raconter moins de conneries et s’il se fourre toujours autant de sucre glace dans le nez, c’est décidément le pharynx qui a trinqué. Les sons qui en sortent sont bien loin d’être “awares”. Ils sont plutôt les symptômes d’une corde vocale tuméfiée, gutturale et profonde.
La musique de THE GRIEVING PROCESS est donc technique, brutale et musclée, construite entre rapidité et pesanteur. On imagine une symbiose totale entre les différents membres du groupe qui a pu conduire à la composition d’un tel album en si peu de temps. La vitesse, d’ailleurs, à moins que ce ne soit la précipitation, est sûrement responsable des quelques défauts de jeunesse d’”Assimilated Deformation”. Les compositions sonnent parfois un peu brouillonnes et cela ne peut-être imputé à la production qui est claire, tranchante et directe. Certains trouveront peut-être aussi les influences cryptopsyo-skinlessiennes un peu trop flagrantes. Ce qui semble indiscutable, ce sont les 7 (vrais) morceaux pour une durée de 24 minutes. La sortie d’un premier album aurait peut-être mérité de prendre le temps d’écrire une ou deux chansons de plus. Manque de maturité ou album dense, chacun jugera.

A l’écoute d’”Assimilated Deformation”, on comprend pourquoi TGP a suscité l'intérêt des labels malgré leur manque d’expérience: c’est une bande de bosseurs talentueux au potentiel énorme. Qui voudrait passer à côté d’un groupe qui semble capable de se hisser au niveau de monstres de technique et de brutalité? L’expérience et la maturité aidant, THE GRIEVING PROCESS devrait tabasser autant qu’une bande de moines shaolin constipés.


Rédigé par : La Myxine | 14/20 | Nb de lectures : 10364