Si vous suivez un tant soi peu l'actualité du métal européen vous devez sans doutes savoir que The Great Deceiver est un des nombreux projets du sieur Tomas Lindberg ( At the Gates, The Crown, Lock Up...) au sein duquel on peut retrouver les deux guitaristes de Diabolique (à ne pas confondre avec Diabolic), sinon n'aurez plus d'excuse à présent. Pour ceux qui connaîtraient déjà leur précédent album – « A Venom well Designed » – autant vous le dire tout de suite : il y a du changement avec ce « Terra Incognito ».
Car si « A Venom Well Designed » et son metal atmosphérique emmené par des rythmiques groovy façon hardcore faisait la part belle aux mélodies melancholiques un tantinet gothiques, « Terra Incognito » est, quant à lui, beaucoup plus rentre dedans. Ici les fioritures sont confinées derrière un rempart de guitares énormes et pesantes à souhait. La section rythmique bénéficie d'un bon groove et la caisse claire claque comme rarement une peau aura claqué (rien à voir avec celle de « A Venom... » qui était difficilement supportable). Malheureusement le « In Your Face » n'est souvent pas synonyme d'originalité et ce qui faisait le charme de The Great Deceiver jusqu'alors c'était justement cette sensibilité mélodique confrontée aux rythmiques core. Cette sensibilité mise à part et la places qu'ont prises les guitares (stéréo)typées néo à la Coal Chamber font maintenant de « Terra Incognito » un album banal voir même carrément dépassé sur le plan de la composition. Les morceaux sont ultra calibrés, les riffs sont d'une prévisibilité qui frise l'insupportable, et les rythmes tellement peu variés qu'ils auraient eu leur place toute trouvée sur un album d'indus s'ils groovaient un peu moins.
Seuls deux choses viennent (presque) sauver cet album. La voix de Lindberg, d'une part, qu'il a particulièrement travaillée et qui ne ressemble en rien à ce qu'il a pu faire dans d'autres formations. Et la production, d'autre part, qui est d'une qualité irréprochable et d'une profondeur phénoménale. Mais il faut avouer qu'avec Daniel Bergstrand (Meshuggah, S.Y.L, In Flames, Aqme – sig – Scarve etc.) derrière les manettes il est difficile d'avoir une production minable.
Bref un album très décevant où opportunisme rime avec simplisme, un comble quand le nom de son groupe est le même que celui d'une release de King Crimson. Malheureusement il semblerait que nous soyons, ici, en droit de parler d'évolution logique...


Rédigé par : [eMp] | 10/20 | Nb de lectures : 8297