Le Youth Crew fait toujours des émules aux quatre coins du monde, et 20 ans après c’est tout de même bluffant, il faut le reconnaître. Cette fois, ce sont les Coréens de The Geeks qui s’y collent et encore une fois de fort belle manière avec ce second album clichesquement intitulé ‘Every Time I Fall’. M’enfin, dans un style qui collectionne les idées reçues comme un cycliste les seringues, on est plus à cela près.

Rechaussez vos Converse en toile, scotchez-vous les mains de X, relevez la capuche de votre sweat, The Geeks vous propose un voyage dans le temps. Jugez plutôt : 12 titres expédiés en 18 minutes, des titres comme ‘Open Your Eyes’, ‘What We Believe’ ou encore ‘What It Takes’, des singalongs toutes les deux phrases, une voix de teenager à qui on aurait volé le lait au soja, on se retrouve effectivement projeté en 1988, une période qui fascine toujours autant les jeunes coreux, comme nos 4 lascars, qui donneraient sûrement cher pour utiliser la Delorean du Doc Brown. Que dire sur cet album sans se faire accuser de plagier la chronique d’un album de Youth Of Today ou Gorilla Biscuits ? Que les Coréens ont une pêche sacrément communicative ? Ca, c’est fait. Que la voix suraiguë du chanteur colle évidemment parfaitement au Hardcore Vieille Ecole de ses comparses, mais finit inexorablement par taper sur le système, tant elle se fait imprécise sur beaucoup de passages. Que la production fait honneur au statut du groupe, de loin le plus connu des groupes de HxC coréen de nos jours: tous les djeunz qui n’arrivent pas à écouter du old-school parce que la prod les rebutent, habitués qu’ils sont à un son énorme qui pète à la gueule devraient accrocher à cet album. ‘Tu comprends, c’est mou, ton truc, là, Minor Machin, moi, faut que ça arrache! ’. ‘Tiens, petit, mange-ça dans la tronche’.

Evidemment, les amateurs d’originalité, les intégristes de la composition recherchée et technique, les aficionados de grosses mosh-parts pour frimer dans le pit devront aller voir ailleurs, ici on cause positif, on joue vite, on clame jeunisme, on se proclame straight-edge jusqu’au bout des cheveux (rasés, bien entendu). Chaque pays se doit d’avoir son groupe de revival Youth Crew, et la Corée du Sud est sacrément gâtée avec ces gugusses, qui savent s’y prendre pour enflammer un pit (jetez un œil sur youtube si vous aimez les Asiatiques entassés par dizaines). Pour ma part, cet album m’a légèrement moins emballé que le précédent, qui fut une bonne surprise du label Kawaii Records qui proposait l’album librement en téléchargement, soulignez l’initiative sympathique. La lassitude s’empare inexorablement de moi vers le milieu de l’album, quand l’énergie des premiers morceaux retombe et qu’il n’y a plus grand-chose à quoi se raccrocher. De plus, comme vous le savez p’tet si vous lisez mes chros (qui se font rares, je m’en excuse encore), la mentalité SxE me gonfle rapidement tant elle est bourrée de clichés adolescents répétés à peu près 1442336 fois depuis que Ian McKaye a eu le malheur d’en évoquer quelques-uns à Washington, il y a maintenant 25 berges. Je retiendrai simplement le titre d’ouverture éponyme, parfaite entrée en matière qui devrait ravager la scène, ‘See It Through’ légèrement plus mélodique que la moyenne et ‘My Foundation’ qui me paraît plus personnel et moderne que les autres morceaux. Trop classique, trop cliché malgré toute la meilleure volonté du monde, pour résumer.

Conclure la chronique d’un tel album est une aubaine: si vous aimez le HC old-school 88 avec une production résolument moderne et une énergie dévastatrice, comme le jouent First Failure ou The First Step actuellement, ou comme l’ont joué Spirit 84, Nations On Fire ou Mainstrike par le passé, alors ‘Every Time We Fall’ vous plaira. Sinon, passez votre chemin, ce n’est sûrement pas cet album qui vous convaincra, si un jour vous l’êtes, ce qui n’est pas gagné. Sympatoche, en espérant les voir sur scène un jour, maintenant.


Rédigé par : Candiria-Thon | 13/20 | Nb de lectures : 9652