Un nouveau THE GATHERING, c’est comme frapper trois fois les talons de ses souliers vernis. C’est la promesse d’un monde magique, différent.

Pourtant il y a eu l’année 2007, celle d’un grand bouleversement. Leur figure de proue, Anneke, les quittait pour voler vers de nouvelles sphères.

Certes.

Mais, le projet a déjà vécu cela par le passé. Même si leur passé pré-Anneke est un peu plus anecdotique... En effet, ils ont trouvé en Anneke la voix, la présence, la lumière qui leur ont permis de briller et de s’élever toujours plus haut depuis le fabuleux « Mandylion », en passant par le magique « How to measure a planet ? », jusqu’au sincère « Home » et le live qui a suivi. Mais pas seulement.
La voix d’Anneke a beaucoup apporté au groupe, c’est indéniable. Mais c’est la musique qui en est le socle solide. Sans cette grande qualité musicale, même avec une chanteuse aussi talentueuse et jolie (ce qui ne gâche rien), le groupe n’aurait pas autant décollé.
Et THE GATHERING a su ainsi prouver que c’est l’étroite alchimie de la musique et de la voix qui a fait de lui ce qu’il est, tout autant que le perpétuel renouveau de son art. Tout comme MOONSPELL à une époque, avant qu’ils ne se décident à rester dans la même sphère confortable, tout comme ANATHEMA depuis toujours.

Et le départ d’Anneke qui annonçait, pour certains, une fin, s’est avéré être un point de départ.

Aujourd’hui, Silje (feu OCTAVIA SPERATI) remplace Anneke.
Il est impossible de ne pas comparer ces demoiselles tant leurs timbres sont proches.
Les deux ont cette fragilité dans la voix. Silje est moins présente dans le médium cependant. Elle a en revanche un filet de voix qui semble plus fragile, plus fluet, innocent et lumineux. Ce qui sied parfaitement à ce « The West Pole » tout en atmosphères.
Silje brille différemment mais autant que Anneke. Elle semble aussi fragile qu’une fine couche de glace alors qu’Anneke semblait aussi forte que la lumière d’une étoile.
Il n’y a pas à comparer, même si je le fais, car ce n’est pas comparable. Les deux voix sont très différentes. Le résultat est différent. Les deux voix sont uniques et belles.

Pourtant, sur de nombreux morceaux, on se prend à voir le spectre de la précédente.
Peu importe.

Ce nouvel album est tout simplement sincère, subtil, riche. Un pur album de THE GATHERING.

Imaginez que votre salon est rempli d’eau, jusqu’au plafond. Une eau bleue et limpide, annulant les effets de la gravité. Imaginez que la masse de ces eaux vous soulève délicatement, comme si vous voliez, soutenu par la main invisible et délicate d’un quelconque être surnaturel. C’est la basse de Marjolein. Imaginez que le plafond est transparent, sous un ciel pur, et que les rayons du soleil jouent dans l’eau, formant des raies mouvantes, une pluie d’or. Cette lumière est la voix de Silje.
Maintenant, vous êtes calme, bercé. Fermez les yeux et visualisez vos meubles qui flottent délicatement autour de vous. Leurs mouvements harmonieux sont les perles des notes de guitare, la sensibilité du piano et des claviers, les cordes discrètes. Et le rythme des battements de votre cœur est la batterie.

Maintenant, vous êtes au cœur de ce tableau. Et la pièce bouge, change. L’eau coule. Tour à tour, vous voici au sommet d’une montagne, puis dans les profondeurs de la roche, dans une rivière vive et alerte, un torrent bouillonnant. Vous dévalez les goulets, vous faites halte dans un lac limpide comme dans un ralenti de cinéma ou vous êtes projeté en plein ciel, avec les oiseaux qui vous regardent d’un œil incrédule.
Ce West est ainsi. Mouvant, caressant. Plein de la lumière fragile et délicate du chant de Silje. La musique enveloppant le tout.

Ce disque est assez proche dans sa forme et ses atmosphères de « How to Measure a Planet ? », aussi posé, atmosphérique et liquide, la présence vocale simplement différente et les guitares plus urgentes.

Vous passerez de la douceur de « Capital of nowhere », « Pale traces » et de « No bird call » au rock énergique de « When trust becomes sound », « Treasure » ou du tubesque « All are you ».
Et le dernier titre épique, « A constant run », est véritablement une course constante et entraînante, tellement que l’on aimerait être entraîné encore plus, plus longtemps, plus loin.

Vivement la suite car cet album est clairement un album de transition, malgré sa brillance, sa sensibilité. Un changement dans la continuité.

Même la tête en bas, comme le garçon de la pochette, le sol reste le sol.




Rédigé par : Matthieu | 17/20 | Nb de lectures : 14902