Annoncé comme un retour de THE GATHERING à un feeling plus rock, à un son plus puissant que sur ses derniers réalisations, "Home" est un des albums attendus de la cuvée 2006. Pourtant, autant le dire d'entrée de jeu et au risque de décevoir, il n'en est rien, mais alors absolument rien. La première écoute s'avère donc plutôt surprenante (décevante?) au regard des attentes qu'avaient pu suciter cette annonce. Le groupe a en effet préféré retravailler entièrement ses compos en studio pour n'en faire ressortir que l'émotion pure, en les dépouillant jusqu'au strict minimum. Si la surprise est de taille de voir le groupe rester dans un registre aussi posé, on l'est un peu moins quand on se concentre sur la qualité des titres proposés, marque de fabrique du groupe.

Exit donc les riffs de guitares qui avaient fait le succès du groupe sur "Mandyllion" ou "Nighttime Birds" et retour à des ambiances intimistes comme il en était question lors de l’expérimental et sublime "How To Measure A Planet?". Dans "Home", la guitare est insérée avec une finesse hors du commun, le travail de René Rutten atteignant ici des sommets de créativité. Tout en étant assurément présent, son instrument n'est plus celui qui attire principalement l'attention tant son intégration au tissu sonore est quasi-parfaite. C'est donc surtout autour de la voix, de la basse et des claviers que s'articulent tous les titres de "Home".

Débutant sur un "Shortest Day" qui assume parfaitement son rôle transitoire avec le précédent opus (certains sons de guitare y renvoient directement), c'est surtout à partir du deuxième titre, "In Between", que débute la spirale "Home". De spirale il est ici question car on se laisse submerger au fur et à mesure que le temps passe par l’émotion grandissante distillée au travers des titres. D’une mélancolie rarement poussée aussi loin par les hollandais, des titres comme les excellents "Waking Hour", "A Noise Severe", "Forgotten" ou "Box" (avec sa rythmique rappelant l’introduction de "These good people" sur "Souvenirs") sont de véritables pépites musicales et vous prennent directement aux tripes. La dualité claviers/voix prend sur "Home" une tournure absolument magique, Frank Boeijen plaquant des accords d’une éclatante beauté tandis que le chant d’Anneke van Giersbergen s’aventure dans des tonalités tout juste maîtrisées ("Waking Hour", "Home") qui ajoutent un supplément d’âme à l’ensemble.

On notera tout au long de l’album un travail rythmique sobre de la part d’Hans Rutten qui joue essentiellement des rythmiques répétitives et extrêmement épurées, ce qui recentre le propos essentiellement sur les mélodies et laisse à Marjolein Kooijman le soin d’insuffler l’énergie nécessaire avec des lignes de basse entraînantes ("In Between", "Your Troubles Are Over"). Un belle démonstration de sobriété qui démontre qu’il n’est pas inutile de laisser sa technique de côté afin de se mettre au service de la musique… Enfin le groupe, toujours aussi avide d'expérimentations tente quelques petites originalités bien plaisantes: "Alone" avec ses sonorités électro naviguant entre atmosphère inquiétante et parties éthérées plus légères; les ambients "Fatigue" et "The Quiet One", sorte de pièces transitoires entre deux titres; "Solace", morceau assez étrange aussi bien dans la conception que dans le rendu final, mais qui insuffle un peu d'énergie revigorante.

Se terminant sur deux pièces maîtresse flirtant avec les 7 minutes (les magnifiques "Home" et "Forgotten Reprise" ) et à l'ambiance pesante, le 8ème chapitre studio de THE GATHERING se clos sur quelques notes d'orgue et des sons de cloches comme pour annoncer une célébration. La célébration d'un groupe hors du commun qui n'en finit pas de nous combler.


Rédigé par : Foofur | 18/20 | Nb de lectures : 20181