J’avoue, je confesse, je n’ai jamais été un client à 100% satisfait du cas THE GATES OF SLUMBER. Pourtant, le groupe avait tout pour me plaire : une pléthore de références littéraires ultra galvaudées mais faisant mouche à tous les coups (Robert E. Howard, HP Lovecraft), une attitude jusqu’au-boutiste et une foi infaillible à l’encontre d’un ‘vrai’ doom qui, au moment de la formation en 1998, était alors loin d’être revenu en odeur de sainteté comme c’est le cas aujourd’hui.

Pourtant, ayant alors la chance d’être copain avec Fréderic Caure (alors membre de THEE PLAGUE OF GENTLEMEN et futur SERPENTCULT) lorsque ce dernier m’a annoncé qu’il montait son propre label nommé FINAL CHAPTER RECORDS et qu’en plus d’une compilation, sa première sortie serait celle du premier album de ce trio originaire du fin fond de l’Indiana, je n’ai pas craché dans la soupe, chroniquant alors la bête pour HARD N'HEAVY puis la posant dans un coin pour ne plus (trop) y revenir. Jusqu'à maintenant...

Aujourd’hui, neuf années après sa sortie initiale et sa disparition des écrans radars (FINAL CHAPTER n’ayant eu, au final, qu’une trop brève existence), ce qui me frappe le plus avec cette réédition de ‘…The Awakening’ c’est d’abord combien tout le style du groupe était déjà en place. Malgré un line-up différent (on retrouvait alors le futur APOSTLE OF SOLITUDE Chuck Brown à la batterie), sa dévotion totale et sans retenue à SAINT VITUS était alors bien fermement en place. Certes, ses influences ‘heavy-metal à l’ancienne’ étaient déjà aussi là. Mais contrairement à ce qui s’est passé sur les disques suivants (avec des résultats d’ailleurs assez mitigés), ce n’est qu’en toile de fond ou par le détour de tel ou tel riff. Et avec une désormais nouvelle pochette cent fois plus appropriée que l’originale (et signée par le grand illustrateur d’heroic fantasy et de Conan, Ken Kelly), je me rends compte que non seulement le temps n’a en rien émoussé la lame de leur hache mais qu’en plus, on tient peut-être toujours là, malgré ses défauts et son côté un peu fauché, leur meilleur album à ce jour.

Plus tranchant dans l’âme que sur ‘Conqueror’ (2007), moins le cul entre deux chaises que lors de la période ‘Hymns Of Blood And Thunder’ (2009) et moins misérabiliste que lors de ‘The Wretch’ (2011), THE GATES OF SLUMBER était alors d’une humeur guerrière ne souffrant alors aucune demi-mesure. Quitte à sonner parfois assez cru et ne même pas chercher à utiliser une guitare rythmique en guise de ‘tapis’ lorsque Karl Simon part dans des solos à la Dave Chandler.

D’ailleurs, même si ce grand moustachu déjà bien dégarni sur le crâne sonnait déjà comme le OZZY OSBOURNE du pauvre, ses textes allant alors droit au but (tout ce dont vous avez besoin de savoir sur « The Executioner » ou « Broken On The Wheel » est contenu dans leur titre) étaient alors parfaitement en phase avec le doom absolu. Et avec un morceau bonus tiré de leur troisième démo (« The Cloaked Figure ») en plus, comme avec Champomy, la fête est d’autant plus folle pendant 54 minutes. Pas étonnant que ces barbares-là étaient super potes avec REVEREND BIZARRE car niveau têtes de mule et sûrs de leur mission, on a pas fait mieux depuis…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | réédition/ | Nb de lectures : 12736