Harder, better, faster, stronger. A moins que le coup du sort m'ait fait expédier dans le seul collège au monde qui ne proposait pas de cours de tapping ou de TP de polyrythmie, ce qui expliquerait pourquoi je suis toujours incapable de jouer un accord de "Seven Nations Army" sans faire une demi-douzaine de pains, je reste toujours incompréhensif devant cette frange de metalcoreux/deathcoreux portés sur les plans particulièrement alambiquées, et qui balancent à à peine 18 piges des premiers albums en étant déjà précédés d'une petite réput' plutôt enviable. Nouveau représentant de cette vague, The Eyes Of A Traitor. Ils sont anglais et sortent un premier album chez Listenable alors que sur leurs photos promos ils évitent encore de montrer leurs ratiches pour pas qu'on grille leurs appareils dentaires. Pour bien faire, ils auraient également dû planquer leur batteur, sa tête d'Harry Potter à l'École des Bizuts ne laissant pas planer le doute quant à leur âge. Mais c'est pas le sujet, non?

The Eyes Of A Traitor lorgne donc très goulûment vers ces groupes capables de produire un metalcore à la fois mastoc et mélodique, comme savent le faire Misery Signals voire Architects, dont on retrouve ici le goût pour les mélopées typiquement british. Mais le groupe enrichit son metalcore à la manière de ces groupes de deathcore qui préfèrent honteusement refouler leur attirance pour les gros plans syncopés grâce à un enrobage progressivo-technico-expérimental, comme on peut en trouver chez Sumerian Records (The Faceless, Veil Of Maya, Born Of Osiris et co). Hormis le premier titre très très calqué sur le "Possessed" de Whitechapel, The Eyes Of A Traitor arrive sans trop de soucis à se démarquer un minimum de la concurrence, grâce à un panel d'influs brassées assez large.

Les fondations sont donc souvent les mêmes, du bon riff ultra-hâché Meshuggesque, sur lesquels les Brittons viennent greffer à peu près tout ce qui leur tombe sous la main: de la branlette de manche histoire de pouvoir planter des soli héroïques un peu partout, des mélodies comme en pondent les Rosbifs au kilomètre (et qui collent quand même au bide sur la longueur), du beuglement varié mais passe-partout, du chant clair pas trop mal torché, du piano, des parties ambiantes, voire des bruitages (sur "Escape These Walls") qui sonneront malheureux auprès des possesseurs de Mario Kart 2. Et ce souvent en moins de trois minutes. C'est plutôt malinement agencé de façon à pas sonner décousu, et au moins on pourra pas dire qu'ils ont choisi la facilité. Puisque, quitte à donner l'impression d'être trop ambitieux musicalement, le groupe cherche à s'affranchir des clichés, rien que la cover en témoignera.

Finalement, le principal problème viendra de votre dévoué serviteur, puisque toute cette vague de groupes metalcore/deathcore qui aiment un peu trop s'astiquer sur leurs manches a le don de me faire décrocher assez rapidement. Tiraillés entre ces velléités onanisto-progressives et le côté "facile" du deathcore, ces groupes se retrouvent plus le cul entre deux chaises qu'autre chose. Parce que du coup, quel intérêt à vouloir conserver les mosh-parts si ce n'est pour la forme, vu l'agressivité rarement exacerbée des compos? Reconnaissons au moins à ces groupes le mérite de proposer des titres très peaufinés, et qui même en terme d'efficacité pure valent autant que ces palanquées de sous-groupes se voulant juste br00taux et pas prise de tête (suivez mon regard). Rendons à César ce qui est à César, "A Clear Perception" est du genre bien troussé, et devrait permettre à The Eyes Of A Traitor de s'assurer une bonne place au sein des principaux produits d'exportation metalcore/deathcore de la perfide Albion. Pardonnez-moi cette conclusion digne des plus insipides chroniqueurs qui m'obligera à rendre dans la bassine qui traîne sous mon lit, mais voilà un album qui satisfaira à coup sûr les amateurs du genre.


Rédigé par : Crown_Me | 13,5/20 | Nb de lectures : 10992