Pour ce genre de réédition, inutile de préciser qu’il y a deux catégories. Pour la première, le message semble clair : si vous connaissez déjà l’album en question, que vous n’aviez pas sa première -et jusque-là seule- édition, que vous n’avez pas envie de vous farcir un tarif fantasque sur la bay pour l’avoir, et que vous vous fichez bien d’avoir le « first press » : foncez l’acheter. Pour la seconde, nous allons devoir creuser parmi le BM français du siècle dernier pour évoquer Supremacy, l’unique album full-length de THE EYE initialement sorti en 1997 par Velvet Music International (pressage de seulement 500 copies), qui vient donc de bénéficier d’une réédition en bonne et due forme par Debemur Morti, avec un artwork tout neuf mais, promis, sans remastering parasite (c’est pas true).

Revenons donc en 1996, date où Vindsval, l’éminent leader de BLUT AUS NORD, créa un projet parallèle du nom de THE EYE, en plus de CHILDREN OF MÄANI. Après une seule démo (Normanniska), Supremacy voit donc le jour en 1997, un an après le Memoria Vetusta I de BLUT AUS NORD. Si je vous parle de Memoria Vetusta I, c’est tout simplement que Supremacy tape dans le même style. A savoir un Black légèrement mélodique plus porté sur les ambiances que la pure agressivité, avec un tempo restant soutenu. Le touché de THE EYE est sensiblement le même que celui de BAN avant qu’il ne choisisse de triturer et décharner sa musique, même si les ambiances sont légèrement différentes. Inutile donc de dire que si vous étiez resté bloqués sur cette époque particulière de BAN, la découverte de cet album de THE EYE est donc absolument indispensable.

Vindsval nous livra donc avec Supremacy 39 minutes d’un Black raffiné, aux atmosphères léchées. Dès le début de "The Eternal Oath of Lie", on se laisse donc emporter par les riffs glaciaux et cette voix si particulière, et surtout par l’ambiance assurée par les claviers en toile de fond, superbement mis en valeur lors des breaks. Et bien sûr lors des interludes tout simplement fantastiques ("The Land", "Aidyl", "The Eye"). THE EYE enchaîne donc les perles aux riffs simples et lancinants, avec toujours un apparat très épique hérité de BAN période Memoria Vetusta I (et Ultima Thulée aussi, ça va de soi). Le chant clair de "The Call of A Thousand Souls" est là pour en témoigner, ainsi que les montées mélodiques de "My Supremacy" et "The Purest Domination in Wisdom (The Eternal Eye)", ou encore les fabuleux claviers de "Your Weakness… (Bastard Son of Fear)". Mais Supremacy est surtout un album parfaitement homogène, il suffit de se laisser emporter par l’atmosphère glaciale et le tour est joué. Si Memoria Vetusta I est une référence, Supremacy ne lui est à aucun moment inférieur en qualité.

BLUT AUS NORD ayant pris avec The Mystical Beast Of Rebellion la direction expérimentale qu’on lui connaît, Supremacy n’aura donc jamais connu de suite. Cette réédition est donc une excellente occasion de se replonger dans le passé de Vindsval, lorsqu’il faisait du pur BM dénué de toute expérimentation sonore trop poussée, et qu’il était friand d’atmosphères à base de claviers. Cet unique album de THE EYE demeure excellent et n’a pas pris une ride, mais s’inscrit tout de même dans une époque bien particulière. Donc si cette époque vous parle, et que vous n’aviez jusque-là pas eu l’occasion de poser une oreille -ou vos doigts crochus- sur cet album de THE EYE, vous savez ce qu’il vous reste à faire.




Rédigé par : ZeSnake | Réédition/ | Nb de lectures : 13076