Souffle mécanique et apocalyptique… grosse explosion… sons robotiques… l’intro de "Fragmented" résume bien l’histoire, The Ends Of All Reason est une machine de guerre prête à causer pas mal de dégâts. Un peu trop hâtivement cataloguée deathcore, le jeune quintet belge n’est pas un groupe aux dents longues de plus jeté dans le panier de crabe du genre en vogue. Même s’il en possède certains gimmicks, le groupe officie plutôt dans un registre plus vaste que je définirais comme du « brutal edgemetalcore technique ». Ouais rien que ça.

Première constatation, malgré leur relative jeunesse (tous leurs printemps réunis arrivent à peine à dépasser ceux du seul Angus Young) les mecs savent jouer. On admirera particulièrement le duo de guitares tranchantes et incisives lorgnant du côté de combo edgemetalcore à la Undying, Statecraft ainsi que le beau jeu de pied du cogneur, s’autorisant quelques belles envolées de double pas piquées des hannetons. La basse constitue une base solide sur laquelle va venir se construire le mur sonique et enfin la voix qui se place sur le double registre classique du growls profonds/hurlements d’adolescentes en rut. Les cinq Belges savent jouer, c’est un fait, et ne manque pas d’ambition. Voyez plutôt, prod confiée à Svencho d’Aborted et mixage effectué au Hertz Studio. Le résultat est stupéfiant, le son est à la fois clair, net, précis et puissant. Chaque instrument trouvant parfaitement sa place dans le mix. Pour un premier EP, le résultat est saisissant. Les présentations étant faites, attardons nous maintenant sur la musique car la aussi c’est du sérieux.

The End Of All Reason s’inscrit dans une vague metal extrême moderne et piétine les plates-bandes des Black Dahlia Murder, The Red Chord, Psycroptic et autres All Shall Perish, pour généraliser et donner une idée un peu plus précise du son du combo. A cette base, il est de bon ton d’ajouter une petite pincée de tout ce qui se fait actuellement en matière d’extrémisme métallique. Ca blaste pour les grindeux, ça solote pour les true métalleux, ça freestyle un poil pour les mathcoreux et ça breakdowne pour les though guys. Tout le monde trouvera donc son compte dans le maelström musical proposé durant les cinq titres (pour une durée de 28 minutes, c’est pas du foutage de gueule). Vu comme ça, on pourrait aisément taxer le groupe d’opportunisme et les accuser de bouffer à tous les râteliers mais en fait non. On sent que les mecs sont sincères et pas bégueules dans leur envie de mixer toutes leurs influences afin de créer leur son et de tout dévaster sur leur passage. Et c’est là que le bât blesse un poil car ce qu’il manque à The End Of All Reason est justement une identité, un son, une attitude qui leur soient propre. Une marque de fabrique, une « touch » quoi. Le groupe devra aussi apporter plus de concisions dans sa composition afin d’accentuer encore leur efficacité. Certains plans sont trop attendus voire carrément téléphonés comme le combo petit passage atmosphérique suivi du solo true heavy sur « Aeons In The Void » mais bon, on comprendra aisément que le gratteux ait voulu poser son solo afin de ramasser l’une ou l’autre donzelle présente dans la fosse, c’est de bonne guerre.

Globalement le bilan est plus que positif. "Fragemented" est un EP solide et cohérent duquel quelques sacrés moments de grâce se font entendre comme le breakdown monstrueux sur le titre d’ouverture « Chariots From The Beyond » ou les blasts dantesques sur « Ascending The Throne Once More ». Un album plein de promesses pour un groupe qui possède tout ce qu’il faut pour ratiboiser les esgourdes de pas mal de monde dans un futur proche, à condition bien sûr de gommer les quelques menus défauts énoncés plus haut. D’ailleurs le quintet nous promet prochainement un premier concept album « huge et epic ». Franchement il me tarde d’entendre ça et puis de toute façon un groupe qui dédie une chanson à la Barabra de La Nuit des Morts Vivants de Romero gagne immédiatement tout mon respect et ma sympathie.


Rédigé par : Seb on Fire | 07.5/10 | Nb de lectures : 10825