Il y a des groupes qui rament pendant des années avant de trouver un line-up stable et végètent durant de longues périodes quand un des musiciens est dans l’incapacité de remplir son rôle… et il y en a d’autres qui se forment presque par hasard, quand un guitariste rencontre un fossoyeur amical à l’enterrement d’un proche et un DJ fan de métal en plein trip lors d’un séjour en prison ! Quand le guitariste décide de monter un groupe de heavy, il se tourne alors naturellement vers ces deux personnages pour le moins étranges ; le fossoyeur deviendra ainsi chanteur et le DJ sera clavier, THE DOGMA est né. Un concours de circonstances favorable qui se répètera quelques temps plus tard quand, au moment d’entrer en studio, leur batteur se blesse dans un accident de voiture…le label ne voulant pas retarder les cessions d’enregistrement, il envoie les démos à Mike Terrana (RAGE, SQUEALER, AXEL RUDI PELL, etc) qui accepte rapidement de leur donner un coup de main… et un coup de pub inespéré !

« Black Roses » aurait-il eu la même couverture médiatique si le batteur mercenaire n’en avait pas joué les parties de batterie ? On ne le saura jamais mais ce qui est sûr c’est qu’il mérite qu’on s’y attarde et qu’il a bien plus à proposer qu’une énième participation de Terrana à un disque de heavy. Le morceau d’ouverture, « Black Roses », est à ce titre un très bon exemple du potentiel de THE DOGMA qui se montre aussi à l’aise dans un registre heavy prog classique que dans celui beaucoup plus ambitieux et casse-gueule du heavy symphonique à la THERION, avec véritable orchestre et chœurs s’il vous plait !

Cette omniprésence de l’orchestre n’est cependant pas le seul attrait de ce premier album, et ce serait une erreur de l’enfermer dans un style, le heavy symphonique, avec qui il partage certes beaucoup de points communs, mais duquel il s’éloigne également car ses bases sont avant tout metal et les cordes ne viennent qu’en renfort, elles gonflent les guitares mais ne forment pas l’ossature des morceaux sauf en de rares (et épiques) occasions (« Black Roses », « Wicked Angels »).

Moderne avant tout, THE DOGMA essaie de ne pas se laisser étouffer par les règles établies et a voulu donner avec « Black Roses » un aperçu de ses influences et de son talent, une sorte de carte de visite musicale qui révèle une grande aisance pour varier les tempos et les ambiances. Heavy symphonique (« Black Roses »), speed mélodique (« Sands Of Time »), samples (« … And Julie No More », qui sonne comme le ELDRITCH de « Reverse »), heavy thrashisant à la ANGEL DUST (« Ghost Of War), les italiens passent d’un registre à l’autre avec une grande facilité mais à trop vouloir bien faire ils se sont quelque peu cantonnés au démonstratif en laissant les émotions de côté.

La manque de chaleur général de l’album est certainement en partie dû à la production très clinique de Siggi Bemm (ANGEL DUST), notamment une grosse caisse trop triggée, alors qu’il nous avait habitués à des sons plus organiques et tranchants. On peut également reprocher à Daniele Santori de ne pas prendre de risque et de se contenter d’un chant clair classique et peu enthousiasmant, comme on peut regretter que le groupe ne soit pas allé plus loin dans ses parties symphoniques et électroniques…

Pour résumer, disons que « Black Roses » est un premier effort prometteur, révélant un groupe au fort potentiel mais n’ayant pas encore su l’exploiter à fond, capable néanmoins de tirer sur la première moitié de l’album quelques salves qui font mouche!


Rédigé par : Dungorpat | 13,5/20 | Nb de lectures : 12826