Ce groupe du Connecticut proposait autrefois un Hardcore old-school typique des groupes signés par Bridge 9 il y a quelques années: authentique, mélodique, énergique et taillé pour la scène. Puis l’an passé est sorti ‘If You Lived Here…’ qui marquait déjà une nette orientation mainstream avec le ralentissement des compos et des éléments empruntés aux groupes ‘emo’ type Victory, toutes proportions gardées. La mayonnaise avait plutôt bien pris et on pouvait s'attendre à ce que le groupe poursuive dans cette veine. Mais lorsque j’ai reçu ce CD, le doute m’a habité plus vite que Satan: mais qu’est-ce que c’est que cette pochette immonde digne de Blink 182 ou d’un vulgaire Good Charlotte ? Aïe, ils ont continué l'évolution, il y a de quoi s'attendre au pire. Bon, si jamais ces craintes se confirmaient, ça ne sera que le énième groupe à succomber aux sirènes de MTV et d’un plus large public (The Warriors, ah les bougres !), ça n'est pas comme si nous n'étions pas habitués.

Je ne vous raconte pas le calvaire que furent les premières écoutes. Entre les ballades ‘Simple Plan’ et les morceaux pop-punk ‘Green Day’, je n’ai vraiment pas reconnu le combo. Je n’ai rien contre ces styles musicaux dans l’ensemble, je comprends qu’on puisse accrocher : les refrains à fredonner sous la douche, les jolies mélodies, tout est calibré pour plaire et il est évident que ça doit faire mouche. D’ailleurs, certains groupes arrivent à produire de la musique de grande qualité en reprenant tous ces éléments, comme Set Your Goals ou Crime In Stereo pour ne citer que les plus récents. Mais je ne vois pas comment les fans de la première heure pourront ne pas hurler à la trahison : on ne retrouve jamais la hargne et l’énergie originelle du groupe, tout au plus peut-on s’en rappeler vaguement sur les passages un peu plus énervés où le chanteur crie presque et le batteur s’excite.

Il sera donc rapide d’aborder les points forts de cet album : les musiciens jouent bien leur partition, le talentueux chanteur s’en sort parfaitement dans les passages en voix claire et medium et le tout est servi par une production irréprochable. Les textes sont eux recentrés sur des thèmes essentiels à toute existence : les nanas, les problèmes avec les nanas et les trucs bien chez les nanas. Circulez, y a rien à voir, c’est pas sur ce point que le groupe marquera sa différence avec les groupes pour ados ! Les 10 titres s’enchaînent eux trop vite et on n’en retient pas grand-chose, même après des écoutes plus assidues. Je serais bien en peine d’en dégager un en particulier pour illustrer l’album ! Ces rigolos ont même osé nous proposer une version remixée de ‘Phase 2 Is About to Be Implemented’ qui figurait déjà sur l’album précédent, ils ne doutent vraiment de rien. Je ne voudrais pas être à la place du fan invétéré qui attendait cet album comme si sa vie en dépendait: la surprise va être très douloureuse.

Pour chuter, il faut s’être déjà suffisamment élevé et ça n’a jamais été le cas de The Distance : tout ce qu’il peut arriver entre les deux relève ici de l’anecdote. Les choix du groupe sont certes discutables mais si le résultat final était satisfaisant, on ne pourrait que s’incliner. Malheureusement, cet album sort après une série de très bons albums dans le même esprit et est bien trop médiocre pour marquer les esprits. Il ne reste plus qu’à espérer une prise de conscience de la part des membres et un retour vers un style qu’ils maîtrisent mieux, ils peuvent sinon s’attendre à être rapidement oubliés. Ce groupe va faire un peu tache sur le Persistance Tour !


Rédigé par : Candiria-Thon | 10/20 | Nb de lectures : 11994