Totalement défiguré, le line-up originel du groupe, Ben Weinman faisant figure de capitaine qui n'abandonnera jamais le navire. Vidée de sa substance, la musique du quintet, puisque le hardcore pour thésards en maths appliquées qui avait consacré le groupe semblait devenu automatique, forcé, comme si après que chacun de nous se soit enquillé les cohortes de combos qu'ils ont influencés, l'impact s'en retrouvait largement amoindri. Voilà la situation du groupe lors de la sortie d'"Ire Works", album qui ne trouvait véritablement grâce que dans les nouvelles velléités du quintet, faire du tube Mike Pattonien encore plus accrocheur que Patton himself.

Alors à quoi s'attendre avec ce "Option Paralysis", qui permet au passage au groupe de sabrer le champomy avec Season Of Mist? L'évolution logique aurait été toujours plus de hits, mais Ben Weinman annonçait quant à lui un son plus thrash 80's et noir. De quoi susciter quelques interrogations. Et en effet, les titres 100% guimauve auditive blindés de refrains hyper mielleux qui me donnaient envie de me greffer un vagin et de dandiner de la croupe tout en couinant dans mon pommeau de douche ne sont plus. Damned. Certes, il y a toujours des petites douceurs ultra catchy à droite à gauche, prenons pour exemples le refrain de "Farewell Mona Lisa" digne de Cedric Bixler sous acides, enfin sous une dose supplémentaire d'acides, ou celui de "Chinese Whispers", mais ils sont désormais plus épars, disséminés çà et là dans les titres.

Parce qu'avec "Option Paralysis", Dillinger renoue avec l'agressivité "spontanée" pré-"Ire Works", avec une véritable foire aux gros riffs combinant nervosité, complexité outrancière-mais-pas-trop et éclairs foudroyants rock'n roll. C'est que quand ils enclenchent la pédale dure, ils y vont plus à bloc que jamais, avec des "riffs" ultra bordel de chez ultra bordel, de quoi transposer la notion d'épilepsie aux conduits auditifs ("Room Full of Eyes", une vraie machine à laver). Mais ces accès de violence pure ne durent jamais bien longtemps, le groupe étant plus bicéphale que jamais, et Puciato la crevette ayant toujours plus d'occasions de dérouler l'étendue de ses capacités vocales, allant jusqu'à se la jouer piano-voix façon Elton John à double-pédale (ça fait trois?) sur "Widower".

Si il y en a un qui était attendu au tournant, c'est bien le petit nouveau, Billy Rymer, derrière les fûts, lui qui avait la très lourde tâche de remplacer Gil Sharon, ce dernier ayant préféré se concentrer sur les STOLEN BABIES. Et qui avait également magnifiquement bien abattu le boulot en succédant à Chris Pennie, l'ex-pierre angulaire du groupe. Rassurez-vous, le Billy ne dérogera pas à la règle qui fait que THE DILLINGER ESCAPE PLAN ne peut avoir QUE des batteurs qui enculent. Bref, une cuvée plus ou moins surprenante, puisqu'"Option Paralysis" c'est un peu "un pas en arrière, deux pas en avant". A savoir que le groupe puise ici aussi bien dans l'épilepsie de la période Mininakis, que dans le savoir-faire "pop" engrangé au fil des albums pour proposer un melting-pot au songwrinting toujours plus mature. Pour tous les guignols qui croyaient pouvoir bouffer dans leur gamelle en jetant leur guitare en l'air entre deux tappings jazzys de chez Franprix, voilà de quoi remettre les points sur les "i".

Par contre il ira pas en sélection, parce qu'il y a rien à chanter sous la douche.




Rédigé par : Crown_Me | 16/20 | Nb de lectures : 16057