THE DEVIL'S BLOOD - The Thousandfold Epicentre (Van/Season of Mist) - 11/11/2011 @ 09h03
The Devil's Blood avait fait son 'buzz' il y a maintenant un peu plus de 2 ans, en sortant un premier album, «The Time of no Time Evermore», aussi bien adulé, qu'exécré (enfin, toutes proportions gardées quand même). Album assurément vintage (kitsch ?), qui il faut bien le reconnaître, ne présentait pas une musique des plus fraîches et innovantes. Et pourtant, sur ce premier long format, les Néerlandais avaient mis la barre haute, proposant des compositions souvent mémorables (des sortes de hits) et des envolées épiques salvatrices et délicieuses. Si 2010 a permis au groupe de jouer dans à peu près tous les festivals européens existants, permettant d'accroître sa popularité, 2011 est en quelque sorte l'année de confirmation pour les Devil's Blood. Le groupe doit réussir à confirmer ses débuts prometteurs, s'il veut éviter d'être catalogué de 'groupe d'un seul album, le premier en l’occurrence'. Reste plus qu'à savoir alors à quoi ressemble ce 2ème chapitre de l'histoire des hippies satanistes des Pays-Bas...

Déjà dans la forme, pas grand-chose a changé, si ce n'est que les titres sont globalement plus longs. Qui dit longs, dit bien souvent longueurs, mais ça, j'y reviendrai plus loin. Non, The Devil's Blood n'a pas changé son orientation musicale, et reste fidèle à son hard rock assez sobre. Ce n'est pas un groupe très 'heavy' à la base, mais les compos de Devil's Blood dégagent souvent une ambiance, une aura, qui peut se faire tour à tour menaçante, pesante ou plutôt joyeuse, et sur ce 2ème essai, s'en est flagrant. Le groupe reste fidèle à une production naturelle et 'humaine', où seule la caisse claire sonne un peu en retrait. Je ne vais pas 'disséquer' cet album en faisant un track-by-track millimétré, cependant je peux le présenter en le 'découpant' en 3 parties distinctes. Et ça tombe bien, ces trois parties correspondent à l'ordre dans lequel apparaissent les morceaux.

Le premier tiers de l'album va donc de son introduction - plutôt 'appétissante' où de mystérieux sons et angoissants se répondent -, jusqu'au quatrième morceau de la galette. Cette première partie est disons-le, une sorte de diesel, et laisse une impression mitigée. Si 'On the Wings of Gloria' démarre réellement l'opus avec mordant et gnaque, sa durée un peu élevée (7 minutes tout de même) lui fait plutôt défaut. Car à part cette coupure aux alentours des 3 minutes, qui positionne les guitares plus en retrait, - donnant juste le rythme avec la caisse claire -, pour porter sur un plateau les incantations de 'la voix de Satan', ce morceau tourne un peu en rond et aurait dû subir une petite circoncision. On relèvera simplement à travers ce titre 'couillu' des sons dissonants résonnants à différents moments, donnant un petit côté apocalyptique (à la limite du bordélique) à la musique de The Devil's Blood. Les deux titres qui suivent sont beaucoup plus courts et plus faciles à mémoriser; j'ai nommé 'Die the Death' et 'Within the Charnel House of Love'. Et franchement si ces deux pistes ne sont pas imbuvables, elles sont de qualité moindre par rapport aux hits présents sur 'The Time of no Time Evermore' (tels 'I'll be your Ghost', 'Christ or Cocaine', 'Queen of my Burning Heart...) La première est bien entraînante, et pour celle-ci le sang du diable se présente à nous comme un groupe tout gentillet, presque joyeux, le summum étant sans contestation ses 'La, la, la, la, la...', qu'égrènent avec passion 'F. The Mouth of Satan'. Voilà des passages qui pourront interloquer plus d'un auditeur. Ce titre fort accessible, et pas bien méchant (enfin les paroles ne doivent certainement pas être aussi gaies que la musique), n'est honnêtement pas destiné à devenir un 'classique du groupe', car bien qu'il est la structure d'un tube, son contenu déçoit. 'Within the Charnel House of Love', lui pose une ambiance planante et enfumée, servie par un jeu de batterie pas avare en roulements de toms. Cependant, sans être dispensable, ce morceau n'est pas non plus très marquant, et est vite effacé par ce qui arrive derrière.

Clairement le début d'album est moyen, mais son 'milieu' remonte bien le niveau. Ce qui constitue donc le 2ème tiers de l'opus, va de «Cruel Lover» à, disons «The Fire Burning». Et là, c'est quand même de qualité supérieure: entre l'hyper entraînant et (super) funky, 'Cruel Lover', l'enjoué 'She' (coup de cœur de l'album), la complexité à tiroirs qu'est le titre éponyme et à la rigueur la simplicité et le dynamisme de 'Fire Burning', on a de quoi passer une petite demi-heure peinard, bien que certains défauts se planquent parmi une multitude de bonnes idées. Soyons positifs, d'abord les bonnes choses: le jeu de basse (un peu linéaire, mais là on s'en fout) qui transcende un 'Cruel Lover' très addictif et rythmé, où basse et batterie ne font qu'un. Ajoutez-y ces petites piques de guitares rafraîchissantes accompagnant ces vocaux sensuels, et ce piano (bien) discret qui comme si de rien n'était s'harmonise avec la base 'hard rock' pour un rendu chaleureux, presque festif, et vous obtenez un rendu 'dutch qualité'. Seul bémol, pourquoi ne pas avoir placé de soli ou 'breaks' là où c'était nécessaire (car sur l'ensemble du titre, pas de breaks, pas de solo...) ? Du coup, le morceau se répète un peu et aurait largement mérité quelques variations dans sa composition ! Tant pis, mais je trouve cela un peu pénalisant. Vient ensuite un 'She' tout autant mémorable, où l'on se dit enfin, ça y est, on a retrouvé l'efficacité du premier album: en effet, difficile de ne pas taper du pied, de ne pas être emporté par son refrain qui entre dans les cages à miel pour ne plus en sortir, et de ne pas savourer ces petits soli courts mais suffisants (heureusement qu'il y en a là !), bref ce titre à tous les ingrédients pour devenir un 'hit'. Et ce n'est pas encore fini, puisque se profilent les 9 minutes du morceau éponyme: l'introduction est splendide, notes acoustiques et orchestrations magnifiquement agencées se valorisent, jusqu'à ce que les guitares et la 'Satan's Mouth' ne reprennent leurs droits. Les riffs sont concis et ne 'dégoulinent' pas dans des distorsions, les soli fournis, quelques peu improvistes, mais pas ajoutés à la va-vite et sans clarté, le refrain savamment calculé pour nous faire 'trembler' (ah ces chœurs virils !)... l'ennui peut se faire attendre.

«The Fire Burning» peine à captiver autant que les titres précédents, et pourtant ce morceau (le plus 'couillu' de l'album) n'est pas désagréable, bien que très classique dans sa forme. Après ce titre, s'effectue la transition avec la 3ème partie de l'album, contenant donc les trois dernières pièces. 'Everlasting Saturnalia' est assez atypique pour du Devil's Blood: débutant (et finissant) dans un 'magma 'de sons chaotiques et (assez) glauques, la partie principale et plus intéressante de ce titre est constituée uniquement de notes de piano et du timbre 'fantomatique' de la chanteuse; le résultat nous donne une sorte de 'berceuse', où finesse et calme (plat, c'est logique) vont de paire. La voix, placée en retrait semble venir des profondeurs abyssales, et je dois dire que si tout n'est pas parfait (franchement l'intro et l'outro sont plus que dispensables), ce moment d'accalmie reposera le cerveau à plus d'un. S'en suit les 8 minutes et quelques d'un 'Madness of Serpents', démarrant assez vigoureusement porté principalement par de multiples pistes de voix (formant un chœur pas trop dissonant pour une fois) qui se mêlent et se répondent; malheureusement, le morceau s'embourbe dans des sonorités mystérieuses et davantage adoucies vers les 3min30 pour ne plus en ressortir; et ça dure, dure... réellement frustrant ! Le dynamisme des premières minutes est effacé petit à petit, pour sombrer dans une musique (beaucoup) moins passionnante et des bruitages d'un ennui total ! Une mésaventure n'arrivant jamais seul, que dire de ce 'Feverdance' qui clôt les débats et affiche plus de 15 minutes ? Déconcertant, il l'est, réussi... hum, non ça ne passe pas du tout chez moi.

Cette pièce fleuve est assez énervante, car elle ne décolle JAMAIS: ses 10 premières minutes mélangent des notes en acoustique, encore des bruitages et des sonorités ambiantes, des sortes de larsens, voire soli que ferait Kerry King bourré, la voix nous vient aussi de très très loin; le comble, c'est que pour l'ensemble 'musical', le son a été baissé, et il faut assez nettement le monter pour entendre ce qui se passe... sauf qu'il ne se passe quasiment rien ! C'est pas mal ça comme concept, non ? Même pas blague à part, là où The Devil's Blood nous régalait avec 'The Anti-Kosmik Magick', il déçoit assez fortement sur ce final raté. Parce que si les 10 premières minutes sont fades, les 5 dernières minutes 'haussent' le ton (façon de parler) et retrouvent le son habituel de l'album, pour un bouquet final doom et martial chiant, y' a pas d'autre mot. Espérant un titre épique, grandiose, cette fin a un goût d'inachevé et ne méritait pas du durer aussi longtemps. Peut-être que j'ai rien compris au concept de ce titre qui aurait pu passer avec 10 minutes en moins, peut-être n'ai-je pas écouté avec haute précision ce moment, mais il n'empêche que ne l'ai pas du tout apprécié...

Le bilan est donc moins positif qu'il ne l'était pour 'The Time of no Time Evermore' ; The Devil's Blood évolue quelque peu, avec des hauts et des bas. Sans être raté, ce 'Thousandfold Epicentre' a des arguments pour décevoir, comme il possède quelques faire-valoir pas inintéressants. Ce 2ème album n'a pas l'effet 'coup de cœur' du premier, mais ce n'est pas pour autant que le groupe est fini loin de là même; avec une chanteuse au talent vocale indiscutable et un guitariste/compositeur capable de pondre des 'hits' comme on dit, The Devil's Blood a encore le temps de faire de grandes et belles choses. Cette année on se contentera d'un bon album, tout juste.




Rédigé par : gardian666 | 14/20 | Nb de lectures : 14956




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Commentaire
khaosprayer
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2011 à 12h15 - (98211)
Exactement mon impression lors du concert de Stockholm, les nouveaux titres démarrent assez bien et s'embourbent à n'en plus finir dans des longueurs doublement insupportables en live. Même en n'étant pas trop client de ce style de musique, le 1er album contenait tout de même quelques perles, mais sur ce que j'ai vu et entendu la semaine dernière, ce nouvel opus est assez plat, au delà de l'énergie il y'a aussi un manque d'inspiration avec assez de riffs qui tournent à vide. On est loin des "I'll be your ghost" et autres "Christ or cocaïne".

Skay
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2011 à 22h42 - (98231)
La chronique me fait peur, mais j'ai quand même hâte de l'écouter !!

Arnahud non connecté
IP:78.241.54.139
Invité
Posté le: 12/11/2011 à 12h31 - (98234)
Ouais carrément! Les 2 ou 3 titres qui sont sur youteub sont excellents mais moins évidents. Mais au fait ils ont pas signés chez Metalblade???

gardian666
Membre enregistré
Posté le: 12/11/2011 à 12h48 - (98235)
Ils ont bien signé chez Metal Blade, mais seulement pour l'Amérique du Nord !

Arnahud non connecté
IP:78.241.54.139
Invité
Posté le: 13/11/2011 à 20h15 - (98249)
Ok merci Guardian. Commandé l'album en ltd edition sur Van records.

fabu
IP:83.134.37.149
Invité
Posté le: 14/11/2011 à 19h23 - (98273)
l'album me plait bien mais il demande plusieurs écoutes

tommy
IP:188.154.21.25
Invité
Posté le: 18/11/2011 à 22h13 - (98411)
Le rockologue ne peut que se réjouir, non seulement de la sortie de ce deuxième album de The Devil's Blood, mais surtout de l'émergence d'une vague de brillants groupes de heavy metal qui ont su conjuguer dépouillement instrumental, sophistication, songwriting de haute volée et sorcellerie. Évidemment, je ne rejoins pas cette très bonne chronique puisque je trouve ce disque globalement impressionnant, notamment les vocaux.

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