Hmmmmm, Suède, I Scream Records, nom en ‘The’, jaquette ‘arty’: je ne connais pas ce groupe mais je suis prêt à parier ma troisième couille qu’il y a des membres de Refused là-dessous. Voyons voir la plaquette, Jeannette… Aucune mention du passé des membres, mais le style a l’air d’être dans cette même lignée punk-rock un peu garage pour mecs en costard branchés. Intrigant, mais alléchant, alors en voiture, Arthur !

Bon, je vais pas me fouler, je vous récite la plaquette, car j’imagine que vous êtes comme moi, ce groupe ne vous dit rien non plus. THE CHANGE nous vient de la côte ouest de la Suède (vu la largeur du pays, tu as juste à tendre un peu le bras et t’es sur la côte est, mais bref), d’un coin appelé The Deer Moss, du fait du lichen qu’on trouve en abondance dans cette région près de Göteborg. ‘The Deer Moss Murders’ est leur second album après ‘Fight Fire With Fire’ sorti il y a 2 ans. La production en est signée Carl Vikman, à qui on doit le son de Nine, Switchblade ou encore Kaospilot et le mastering est assuré par Peter In Debetou, qui lui semble être plutôt affilié à la scène metal locale, soit environ 14000 groupes, la Suède étant au metal ce que la Creuse est au bétail : on y trouve plus de groupes que d’habitants, Gaëtan. Au milieu des épithètes enthousiastes sont lâchés des noms comme Refused ou At The Drive-In, et aussi de groupes comme AFI ou Hot Snakes, ce qui vient confirmer mon impression initiale, Martial. En feuilletant le livret, on apprend que l’album est un concept autour de la ville d’origine des membres, un bled paisible rempli de vieux où ils se sont bien fait chier et ont envie de le faire savoir, Grégoire! Ca m’a rappelé cet excellent film du cru, ‘Fucking Amal’, et la Creuse, encore une fois, Godefroy. Allez, assez avec les présentations, place à la zik, Soizic !

En fait, je n’aurais pas lu la plaquette ni regardé la jaquette que j’aurais tout de même deviné le pays d’origine du groupe, tant le son, la composition et je dirais « l’esprit général » de ce disque sent la Suède à plein nez, René. A savoir un punk joué dans un garage par des jeunes dandys, comme tant de groupes le jouaient à la fin des années 90, en Suède ou ailleurs. La voix aiguë et limite ‘pleurnicharde’ de Peter Bader se situe certes dans un registre similaire à celui de Lyxzen (Refused) mais elle reste toujours terriblement mélodique, la rendant plus ‘supportable’ sur la durée, si je puis me permettre. Il peut d’ailleurs compter sur le renfort du chanteur de Division Of Laura Lee sur deux morceaux, mais leurs timbres sont tellement proches que son intervention ne saute pas aux oreilles, Mirelle. Par contre, il n’y a pas que du At The Drive-In, là-dedans, mon bon Fernand! On y trouve aussi un peu de Section 8, principalement dans les lignes de grattes, parfois torturées et souvent déchaînées, voire du Randy pour le côté bondissant-youpi-youpi qui se dégage de chaque morceau. Une recette qui a fait ses preuves, des ingrédients bien choisis, des cuisiniers qui s’appliquent, alors, que donne le plat, Nicolas ?

Je ne suis pas ce qu’on pourrait appeler un fan absolu de bobo-punk, je n’écoute pas régulièrement de groupes en ‘The’, ni At-The Drive-In et compagnie, mais il m’arrive de m’en jeter un petit avec plaisir de temps en temps. Il est indéniable que THE CHANGE a des atouts pour lui, à savoir un sens de la mélodie prononcé, une énergie débordante, une basse ronflante omniprésente, bref, de quoi s’extraire du lot grouillant de groupes copié-collé les uns sur les autres avec un enthousiasme qui fait plaisir à entendre, Alexandre. Après, le groupe possède aussi le défaut de ses qualités, si tu me permets cette pirouette, Bernadette : le côté assez ‘niais’ des compositions, une relative répétitivité, un manque flagrant d’originalité et une technique limitée, m’enfin, comme tout groupe de punk ou de rock, en gros. Rien de bien rédhibitoire, seulement cette liste est suffisante pour empêcher cet album de rentrer dans la catégorie ‘les 5 révélations de 2008’ dans les classements de fin d’année qui vont commencer à fleurir. Je retiendrais toutefois Skit (Won’t Kill), un instrumental aux grattes planantes, Bullets pour son rythme décousu qui fait du bien et l’impression curieuse d’écouter Urban Dance Squad et aussi le morceau éponyme qui laisse la part belle à la basse et à la batterie, accompagnant une jolie prestation vocale, Pascal. En gros, les trois compos qui s’extirpent des clichés suédois valent le détour, les autres pistes finissant par se confondre, contribuant à instaurer une sensation inextirpable de lassitude, hé oui Gertrude. Du côté des paroles, je n’ai rien à signaler de particulier, les gonzes de la bande à Bader s’en prennent à la mentalité des petits bleds, sans l’humour de Kamini toutefois, et du coup en appellent à l’unité dans la scène punk pour montrer au commun des mortels ce que sont les vraies bonnes valeurs, car cela est bien connu, seuls les punks et les coreux savent ce qui est bon pour eux, n’est-ce pas Mathieu ?

En résumé, Aymé, un premier album plutôt sympathique des Suédois de THE CHANGE qui replace le bon vieux punk-rock à cravates sur la devant de la scène, Arsène. Si mélodies, fun et paroles pseudo-subversives sont évidemment au rendez-vous, l’originalité et la diversité manquent cruellement, comme il se doit généralement dans ce style, Lucile. A réserver aux nostalgiques de Refused, At-The Drive-In ou encore Section 8, finalement, Armand !


Rédigé par : Candiria-Thon | 13/20 | Nb de lectures : 10453