Il m'arrive parfois de regarder les reportages musicaux qui passent à la télé. La plupart du temps, cela m'énerve plus qu'autre chose tant les "spécialistes" qui interviennent parfois sont de véritables charlots aussi incompétent qu'inutiles... il y en a bien sur quelques-uns qui assurent mais il faut débroussailler un peu avant de les trouver.

Donc l'autre soir, je regardais la série des "Summer of Rebels" sur Arte. A un moment, l'émission parlait des sémillants ROLLING STONES par le biais d'un manageur (ou je sais plus très bien) qui travaillait dans une agence de Pub en France.
Le gars en question disait qu'il avait fait une petite tournée des RS à l'époque où il était manageur d'un groupe qui faisait leur première partie.
Il disait qu'il ne voyait aucune différence entre Danone et les Rolling Stones tant les deux "entreprises" vendaient un produit bien calibré et bien ciblé.
Il trouvait cependant Danone plus honnête car, eux au moins, ils assumaient de vendre du yaourt alors que les Rolling Stones vendait une soi-disant "rébellion" alors qu'en fait ils ne cherchaient qu'à faire de l'argent...
Cette révélation "coup de poing" avait pour but de venir éclairer le téléspectateur en lui permettant de répondre à l'épineuse question "Le Rock est-il encore rebelle ?".

J'ose espérer que le reportage s'adressait à de jeunes adolescents ne connaissant rien au Rock n' roll car je pense que n'importe quel fan des ROLLING STONES sait que Mick Jagger est un rapace qui sait où passe le moindre des sous investi dans une tournée des STONES et que quand on trouve leurs T-Shirt à 40 Euros sur les stands c'est pas parce que le prix du tissus a connu une subite hausse dans les marchés.

Pourquoi ce monsieur est-il venu enfoncer des portes ouvertes avec l'assurance d'un sergent américain en proposant une analyse d'une banalité affligeante ? Nombreux sont ceux qui n'ont pas attendu ce type de discours pour comprendre que Iggy Pop n'est plus vraiment un "rebelle" quand il aligne les publicités ridicules plus vite que ne le ferait Zidane lui-même. Est-ce que ce mec ne connaît vraiment rien au rock ou est-ce qu'il nous prend un tout petit peu pour des cons ?

Cependant, et contrairement à ce que prétendait le reportage, il y a encore des rebelles dans l'art, dans la musique, dans le rock, le punk et le metal... il faut simplement prendre la peine de chercher un peu plus.
Pourquoi cette introduction encore plus longue que celles que je fais d'habitude ? Pour "Resistance" de THE CASUALITIES, bien sûr.


Pour ceux qui les connaissent pas, THE CASUALITIES est un groupe de Street Punk new-yorkais ayant vu le jour dans les années 90 et qui nous présente ici leur neuvième album, et le premier chez nos Marseillais de SEASONS OF MIST.
Depuis ses débuts à la Grosse Pomme, le groupe présente un Punk largement mâtiné de Hardcore et de Metal et présentant de sévères traces de Oï. Sans véritablement en arriver à faire du Crustcore, THE CASUALITIES est sur cet album véritablement agressif et survitaminé. Bien entendu, le Street punk n'est pas vraiment connu pour être une musique qui fait dans la demi-mesure mais ici, les morceaux démarrent pied au plancher pour se crasher en beauté dès qu'ils dépassent les 2 minutes trente. 15 morceaux pour tenter de faire comprendre à tout le monde que si le punk est mort, son cadavre bouge encore comme un beau diable ? Cela ne sera pas nécessaire... en deux/trois chansons l'affaire est pliée.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas écouté de groupes de ce style (mis à part THE UNSEENS dont j'écoute régulièrement les skeuds) et je dois dire que cet album m'a largement enthousiasmé par sa fraîcheur, sa pêche et son autenticité. Bien sûr, un certain côté un peu enfantin et peut-être un peu facile se dégage de toute cette cascade de haine against the society mais bon... tant que c'est fait en y croyant à fond c'est bon, non ?

Musicalement, les fondamentaux metal du groupe leur permettent de jouer carré et précis quand l'énergie du punk leur fait gagner des points de vitesse et de spontanéité. Les choeurs hardcore font vraiment des merveilles quand il s'agit de relancer les morceaux et la voix écorchée du lead singer est véritablement prenante tant le gonze semble prendre cher à chaque fois qu'il hurle à pleins poumons.

Bref, dans le style pratiqué, c'est du tout bon et les amateurs vont certainement se régaler de cet album précis, brutal et efficace. Ceux qui aiment moins le Street punk vont certainement commencer à se lasser vers le 7 ou 8ème morceau mais ils pourront se choisir une intraveineuse de haine dès qu'ils le souhaiteront en se passant et repassant "Always Walk Alone" et "Warriors on the road". Ca fait mal, ça mange pas de pain et ça se déguste sans apéritif... croyez-moi, c'est du bon !!

Pour terminer enfin avec la rébellion, la question qu'on peut légitimement se poser, c'est "Est-ce que faire "commerce" de la "rebellion" n'est pas un non-sens en soi ? On peut aussi se demander quel peut être le lien entre une oeuvre artistique et un produit de consommation classique ?
Peut-être qu'un jour manger un yahourt sera plus rebelle que se faire une crête et hurler dans un micro combien la société nous la met plus loin jour après jour... Et peut-être qu'aussi, un jour, je cesserai de regarder d'inutiles reportages pour écouter davantage de musique... C'est pas idiot car cela me met définitivement de meilleure humeur.
Je vous laisse, je vais m'écouter encore une fois ce neuvième album de THE CASUALITIES, "Resistance". A plus.




Rédigé par : Pamalach | 15/20 | Nb de lectures : 12881