Les BOTTLE DOOM LAZY BAND sont une double exception. Primo, parce qu’ils naviguent dans les eaux bien peu fréquentées par l’hexagone du doom traditionnel où, à part dans un registre un peu différent les Parisiens de RISING DUST et les peu connus HORRORS OF THE BLACK MUSEUM, c’est morne plaine. Et secundo parce qu’il y un second effet Kiss Cool avec eux car que plutôt que de déborder sur un style stoner a priori plus consensuel, et malgré le fait qu’ils s’aventurent sur des pistes musicales quasiment non répertoriées dans les GPS ‘made in France’, ces types là y vont à fond !

Deux ans après un ‘The Beast Must Die’ sorti initialement en auto-production, puis réédité en LP par EMANES METAL, ‘Blood for the Bloodking’ et sa pochette peinte du plus bel effet ressort donc du placard le même modèle de bathyscaphe pour s’enfoncer un peu plus profondément dans les profondeurs de la Terre. C’est d’ailleurs son principal avantage et défaut : en ne choisissant pas la facilité et, au contraire, en s’en tenant à une vision presque orthodoxe du genre ‘doom’, THE BOTTLE DOOM LAZY BAND ravira les amateurs éclairés… Et enverra péter les autres. Surtout que même si ELECTRIC WIZARD est l’une de ses influences revendiquées, aux côtés de SAINT VITUS et THE OBSESSED, le manque d’éléments psychédéliques et de groove font que tout est ici misé sur la lourdeur, malgré un côté ‘blues dégénéré’, musique du Diable par excellence ai-je besoin de le rappeler… Et vu que comme sur ‘The Beast’, le groupe n’a pas vraiment cherché à dompter ses ardeurs, dépassant quasi-systématiquement les sept/huit minutes par titre. Le cocktail obtenu est donc aussi entier que jusqu’en-boutiste, avec une basse vrombissante et rappelant alors par moment les Italiens de DOOMRAISER dont l’excellent ‘Lords of Mercy’ (2006) manquait aussi un peu de concision. D’ailleurs, tant qu’on y est dans le chipotage, on pourrait railler la façon dont la cornemuse (ben oui) est utilisée, c’est-à-dire comme un gadget cantonné à un interlude d’inspiration celtique (« L’Ankou – Twisted Song ») qui arrive non seulement trop tôt, mais qui, en plus, n’apporte rien au schmilblick.

Mais en ayant ainsi choisi une direction bien précise et en y concentrant tous ses efforts, THE BOTTLE DOOM LAZY BAND marche ainsi vers son destin avec un regard de dément et la bave aux lèvres. Et même si l’on n’est pas obligé bien sûr de le suivre dans le gouffre, il est difficile de ne pas être hypnotisé si l’on s’y attarde deux secondes, surtout si l’on s’envoie le très incantatoire morceau qui clôt ici le ban, « Demons Laugh ». Classique, mais costaud et surtout bien doooooooom.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 11318