"La marche du vertueux est semée d'obstacles qui sont les entreprises égoïstes que fait sans fin surgir l'oeuvre du Malin. Béni soit-il l'homme de bonne volonté qui au nom de la charité se fait le berger des faibles qu'il guide dans la vallée d'ombre de la mort et des larmes car il est le gardien et la providence des enfants qui se sont égarés. J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante sur les impies qui pourchassent et anéantissent les brebis de Dieu , et tu connaîtras pourquoi mon nom est l'Eternel quand s'abattra sur toi la vengeance du Tout Puissant..."
Ezekiel 25:17

L'aveuglante lumière divine venue pour punir les pécheurs est de retour sur Terre. Cinq ans après un "The Ascension Attempt" aussi impressionnant qu'ignoré, les gaillards viennent te remettre les pendules à l'heure d'un MONUMENTAL revers dans la gueule. Plus compact, plus rapide, plus écrasant, "Junebug" fait monter la jauge d'intensité à un seuil rarement atteint. Y'a du fusible qui va sauter. Parce qu'ici tout n'est que déluge de violence, mais pas de la violence d'esbrouffe, hein, de la pure, de l'urgente, celle qui tétanise tes membres et génère quelques pulsions sournoises incontrôlées. Je préviens, parce que les lascars passent pas par la case "préliminaires"; impitoyable, "White Flag" viendra d'entrée de jeu te souffler la face avec ses guitares façon "mon crâne est un nid de guêpes". Les 45 prochaines minutes vont être douloureuses...

Loin d'être une redite de leurs anciens travaux, "Junebug" reprend les éléments caractéristiques du groupe et les pousse dans leurs derniers retranchements. Brian Lovro sonne toujours comme un Tom Araya ceinturé d'explosifs qui aurait décidé d'en finir avec la life en entraînant tout le monde dans sa chute, ses vociférations gorgées de rage venant décupler la puissance du groupe. Derrière, c'est la grande foire au riff de porc: tous plus ultimes les uns que les autres, d'une vitesse d'exécution proprement hallucinante comme si joués à la scie circulaire (paye tes signatures rythmiques de taré) et d'une agressivité à faire pâlir du thrasheur endurci. Puis les gars viendront humilier pépère tous les groupes de deathcore en collant parcimonieusement des breaks d'une violence sourde qui devraient te faire voir la vie en rouge-sang ("Void", 3min42, attaque cardiaque). Tout ça grâce à la maîtrise totale du temps des boys de Sioux Fall, menés à la baguette par leur monstrueux cogneur de service qui passe par à peu près tous les tempos possibles, des plans rouleaux-compresseurs au blast convulsif.

Mais là où The Blinding Light viendra littéralement t'achever, c'est dans leur incroyable capacité à ralentir la cadence et à adoucir le propos... Guitares claires sublimement dépouillées, vocalises éthérées belles à en chialer, culte des Swans, lourdeur postcore, les gaziers réussissent dans tout ce qu'ils entreprennent, en conservant ce talent de composition qui fait d'eux un groupe unique. Et puis il y a ce foutu "Junebug" de 8 minutes en guise de clôture... Pas la peine de s'étendre plus que ça sur ce titre, je dirais juste que si Converge a écrit "Jane Doe", The Blinding Light a "Junebug". Divin.

Et tout cela baigne dans un énorme groove décroche-nuque qui te ruinera en séances de kiné. D'une tension et d'une nervosité absolument scotchante, le tapis de bombes qu'est "Junebug" vient confirmer que l'on a affaire à un groupe de premier plan, et incatégorisable à moins qu'"experimental post-chaotic angry thrash metal" ne fasse pas pompeux. Et à l'heure où les groupes dégageant une réelle violence se font rares, The Blinding Light joue avec sa vie et torche un nouvel album salvateur. Mais rétrogradés de chez Deathwish à Init Records (Phoenix Bodies, Battlefields), "Junebug" risque de confiner encore plus le combo au succès d'estime. Monde de merde, définitivement.


Rédigé par : Crown_Me | 17/20 | Nb de lectures : 12049