THE BLACK DAHLIA MURDER est un groupe à la carrière vraiment intéressante. Se faisant une place au soleil petit à petit à coup d’albums toujours meilleurs et d’un son en constante évolution. Juste une petite stagnation avec « Deflorate » qui avait la lourde tâche de succéder à un flamboyant « Nocturnal », il est vrai. On les attendait au tournant avec ce « Ritual » et on n’a pas été putain de déçu. Finies les conneries Deathcore, d’ailleurs les membres du groupe ne sont jamais considérés comme tels, THE BLACK DAHLIA MURDER tape désormais dans le death metal moderne, tranchant et surtout inspiré. Très inspiré même. Paradoxalement Trevor Strnad s’est rasé les cheveux mais le son du groupe, lui, est plus chevelu que jamais. Alors oui on distingue encore une touche core par-ci par-là mais alors vraiment très ténue. Non c’est bien fini tout ça, « Ritual » installe le groupe tout en haut de la pyramide death metal américaine mettant à l’amende une bonne partie de la concurrence.

Jusqu’ici le groupe jouissait d’un gros potentiel qu’il n’était pas parvenu à exploiter pleinement. Détail qui ne trompe pas, « Ritual » est leur album le plus long, pourtant il passe comme une lettre à la poste et ne comporte aucun temps morts là où ses prédécesseurs finissaient par exhaler l'odeur aigre de la redite au bout d’une demi-heure. Les Ricains sont allés s’encanailler en forêt, se couvrir de sang de bouc et invoquer Le Malin qui, de son doigt griffu, leur a offert une partie de son mojo afin que le Club des Cinq puisse mettre sur pied ce concept album maléfique. « Ritual » s’ouvre par une petite introduction gothiquo-occulte suivie d’un premier morceau qui donne le ton pour l’ensemble de l’album. Ce sera du tabassage, certes, mais avec une touche satanique appuyée et une ambiance bien evil, chose que le groupe ne maîtrisait qu’à moitié pour le moment. Après cette bonne petite ouverture « Moonlight Equilibrium » entre en scène, un titre classique respirant à 100% le style TBDM et qui est porté par la voix de Strnad et de brefs chœurs de bûcherons venant rappeler le passé « core » du groupe. On est là en terrain conquis, pas de surprises mais la confirmation de la faculté du groupe à torcher des riffs hyper classieux. Maintenant on attache sa ceinture car on entre dans une nouvelle dimension avec « On Stirring Seas Of Salted Blood ». Un morceau lourd, rampant, démoniaque et puissant qui t’emmène sur le Black Pearl, parcourir les eaux hantées du bout du bout du monde. Un titre bâti sur le riff que Trey Azagtoth essaie de torcher depuis quinze ans, qui rappelle aussi le Nile de « In Their Darkened Shrine » mais avec, malgré tout, la patte du groupe et la voix de Trevor Strnad plus profonde que jamais. Putain de morceau qui m’a littéralement mis, et continue de me mettre à chaque écoute, sur le cul. Je ne pensais pas le groupe capable de composer un morceau aussi heavy que celui-là. « On Stirring Seas Of Salted Blood » ou comment une bande de jeune geeks du Michigan mettent, en un seul titre, une fessée au dernier Morbid Angel.

Je ramasse mes rotules parce que le voyage est encore long surtout que les mecs ménagent leurs effets et distillent les titres phares tout au long d’un album qui, dès la première écoute s’annonce grand. Le songwritting est excellent, plus varié que par le passé et moins marqué par les évidentes influences d’un groupe arrivé à maturité. Les différents musiciens sont eux aussi en pleine possession de leurs moyens et les riffs de grattes et autres soli n’ont jamais sonné si « vrai ». Ils ne se contente plus de jouer, ils font corps avec leurs instruments. Mention spéciale aux guitares tendues comme des strings mais capable de balancer des petits solos tout en doigté et en souplesse du poignet. En huit mots comme en cent, les mecs jouent et ne branlent pas le manche. La différence entre « Ritual » et le reste de leur discographie est là. On retrouve bien sûr des titres speed mélodeath typiques du groupe comme « Conspiring With The Damned », « The Nulifier » ou « The Window » et son refrain à l’étrange débit vocal. Maintenant les titres les plus marquants sont ceux qui, à l’image de « On Stirring Seas… » sortent des sentiers battus et sur lesquels TBDM tente, et réussit, des choses nouvelles. C’est le cas du carrément punk/hardcore « Den Of The Picquerist » qui, sur une minute trente, fait frétiller le pur coreux que je suis grâce à sa rythmique démoniaque emmenée par une basse sautillante et tapineuse. Après le black à casquette, voilà le death à crête. L’enchaînement avec le blackisant « Carbonized In Cruciform » qui se paye le luxe d’installer des ambiances désenchantées grâce à un riff qui sent bon la Norvège et un piano fantomatique appelant l’imminence du Jugement Dernier. Le trio central de « Ritual » est complété par le lourd et plombé « Malenchantemaents of the Necrosphère », featuring Mitch Lurker de Suicide Silence, magiquement aéré par un solo heavy tout droit sorti des eighties. On pourra aussi noter les très At The Gates « The Raven » et « The Grave’s Robber Work ».

Les cinq Ricains ont soigné leurs compositions, c’est évident, et ils ont fait de même pour la production une fois de plus confiée à Mark Lewis qui leur offre un son nickel parfaitement implanté entre modernité et tradition avec surtout un très bon son de batterie bien moins synthétique que la moyenne et, en fond, une basse qui claque presque comme du Fieldy. Lorsqu’on envoie un album aux qualités si nombreuses il est important de ne pas louper sa sortie. Ce que ne fait pas le groupe grâce à « Blood In The Ink » rythmé par une basse incendiaire et des cordes presque symphoniques qui boucle la boucle d’un « Ritual » nickel de bout en bout. Chez moi, on appelle ça un coup de maître


Rédigé par : Seb On Fire | 17/20 | Nb de lectures : 16906