" - Hey! Si on essayait de masquer la totale vacuité de notre musique grâce à un concept qui latte tout et qui va en foutre plein les mirettes?
- Schöne idée Raphou, t'as quoi sous le pied, là?
- Bah alors là, j'ai un truc de ouf là, tu vois, on fait un album-concept sur les plantes médicinales, les Fleurs de Bach, tu vois, ces trucs censés agir sur ton humeur...
- Euh, mais ça craint pas un peu du boudin, mec? Et après on s'étonne que la musique ait perdu de sa capacité à faire rêver...
- Oh, tu me fais quoi, là? T'as pas vu le mec d'Ephel Duath? Le type, il a fait un album composé du point de vue d'un chien quoi! Et puis de toute façon au fond t'as rien à dire, t'es bassiste...
- Ah ben oui, chui con... Bon, je me tire, faut que j'aille chercher des bières, et après faut que j'aille tester de nouveaux réglages pour mon ampli, on arrive encore à m'entendre dans le mix, là..."

C'est donc sous ce trèèèèès ambitieux concept que The Blackout Argument sort "Remedies", toujours chez Lifeforce. Seulement, au lieu des plantes homéopatiques, les pseudo-pharmaciens nous ont prescrit du générique. Et la pub nous a menti, ça fonctionne pas vraiment aussi bien. En l'occurence, du hardcore mélosirupeux tendance Comeback Kid de bal-masqué, propret au possible et aux refrains puputes omniprésents. Et ça vient d'Allemagne, le pays où l'on aime la gastronomie bien bourrative qui colle au bide pendant trois semaines, donc faut pas avoir peur de s'enquiller quatorze titres faussement entraînants.

Même le mastering d'Alan Douches ne fera à aucun instant décoller les compos, engluées qu'elles sont dans une telle confiture de niaiserie. Et vas-y que je te tartine les titres de riffs éculés qui participent au développement durable (sûrement la touche écolo teutonne), de breaks en mousse et d'un chant aussi désagréable en chanté qu'en beuglé... Du stérile en barre, on doute pas que les mecs ont pris plaisir à composer "Remedies", mais dur d'y trouver une once d'intérêt, un élément qui permettrait de les démarquer. Dénués de feeling ('steu batterie...), les plans joués pied au plancher censés booster l'ensemble peinent à convaincre tant ils se révèlent peu inspirés. Un gros déficit de patate (ça se retrouve aussi chez le vocaliste qui se démène beaucoup pour pas grand-chose) qui ne vera pas rattrapé par les parties mélo, manquant cruellement là aussi de talent. Vous pourrez retrouver cet album dans le bac "déstockage" de votre Fnac la plus proche dans 6 mois.

"Remedies" est le prototype de l'album bien exécuté, bien produit, qui se veut énergique blahblahblah-et-vous-pouvez-continuer-la-liste-avec-tous-les-arguments-que-l'on-peut-trouver-à-un-groupe-chiant-qu'on-se rechigne-à-dézinguer, mais qui reste désespéremment plat. Comme disait ce bon vieux Charles De Gaulle, "Si ces jeunes ont autant d’énergie, qu’on leur fasse construire des routes."


Rédigé par : Crown_Me | 9/20 | Nb de lectures : 10314