Ah ben quand même! Ils commençaient à abuser, les p'tits clous de Pulverised Records. Ca faisait près d'un an que le nouvel album de The Black était disponible en vinyl et, devant l'absence d'une sortie CD, j'avais déjà préparé mes valises pour aller distribuer des baffes à Singapour. Mais alors que ma place dans l'avion, tout près des chiottes, était déjà réservée, la bestiole a enfin vu le jour dans un boîtier noir glossy. Glossy, ça veut dire que le boîtier est entièrement noir (comme le Made me Do it de The Haunted), et non pas que le chanteur a apposé ses lèvres glossées sur le plastique dans une esthétique gay qui ne siérait pas à la tradition.

Beaucoup devraient découvrir The Black avec ce second album. Il faut dire que le projet a connu une très longue pause, ne gardant du line-up d'origine que le dénommé The Black, alias Make Pesonen. Et si les plus anciens se souviennent encore du premier album The Priest of Satan sorti en 1994, c'est probablement plus grâce à la présence à la guitare et au chant d'un certain Jon Nödtveidt que grâce à ses compositions agressives. Cet unique opus ainsi que la démo Black Blood (1992) auront continué à hanter l'UG grâce à des rééditions en 2003 et 2008. Mais j'avoue que l'annonce de la reformation du combo m'aura assez surpris, tellement de sang ayant coulé sous les ponts. Pour l'occasion, Make Pesonen a pris le soin de s'entourer de D. F. Bragman et Andras Jonsson, des membres du Tyrant suédois et de Vinterland (récemment reformé itou). Bref, des gens de qualité prêts à en découdre.

Alors, qu'en dire de ce premier album depuis des lustres pleins de poussière? The Black conserve aujourd'hui sa sobriété et, au-delà de la noirceur insondable du boîtier et de la simplicité du livret, c'est bien dans l'essence musicale qu'il va falloir débusquer la palpitation qui habite ces Suédois. Connaissant les précédentes sorties, je m'attendais à un assaut en règle de riffs grésillants, un déchaînement de fureur dont le manque d'originalité aurait été pallié par une efficacité dans la tradition suédoise. The Black déploie bien les sonorités attendues, avec une volonté de rester niché dans le son old school. Hélas, je reste sur ma faim niveau riff.

L'ouverture de l'album est puissante et blaste méchamment. "On the Descent to Hell" et "Death's Crown" sont deux titres radicaux comme je les espérais. Mais hélas, mille fois hélas, le déferlement ne dure que deux titres. S'ensuit une introduction ambiente du troisième titre qui nous emmène sur une suite d'album mid-tempo plus décevante. Les riffs peuvent parfois accrocher (l'oppressant "Dea Seed"), mais difficile de s'enlever de la tête qu'on écoute un sous-néo-Satyricon dans des titres redondants qui abusent des riffs arpégés. Et il faudra attendre le longuet interlude "The Wrath from Beneath" pour nous ramener vers le blast furibard de "Alongside Death", titre qui pose son atmosphère lourde et suintante très réussie... mais qui clôt déjà l'album. The Black donne l'impression de l'avoir joué film hollywoodien, avec un début pétaradant, une fin marquante et entre les deux pas mal de remplissage.

Là où j'attendais un album plus définitif pour mettre à mal la concurrence, The Black livre un opus honnête mais sans relief. S'il n'est nullement désagréable à écouter, Alongside Death ne laissera pas une grande trace dans les mémoires. Et c'est presque ballot d'avoir attendu tant d'années pour ça. Espérons que ce n'était qu'un tour de chauffe pour coller de la gomme au bitume et que le meilleur reste à venir.




Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 10938