Bon, on connaissait déjà le black/thrash à l’américaine style NOCTURNAL FEAR (grosse production, rythmiques au cordeau), à la teutonne ambiance WITCHBURNER ou NOCTURNAL (craspouille et pas forcément très en place mais tout misé sur l’énergie) voire à la suédoise genre WITCHERY (quelque part entre les deux). Mais quid de sa variante norvégienne ? Bah comme sa voisine suédoise, on a peu l’impression de retrouver un mélange de tout cela en même temps, mais avec en prime un côté peut-être plus rock n’roll et VENOMesque dans l’âme que l’on doit sûrement à l’identité des protagonistes planqués derrière THE BATALLION, ramassis de vieux briscards de la scène métal de Bergen sur la côte ouest de la Norvège et déjà repaire d’ENSLAVED, IMMORTAL et de la moitié de la scène.

Il faut dire qu’on y retrouve quelques revenants, comme par exemple Ole Walaunet de GRIMFIST à la guitare ou l’ancien batteur de TAAKE. Mais le membre le plus éminent de ce club de vieux thrashers immortalisés dans leur élément naturel sur la pochette arrière de leur premier maxi paru fin 2007 (cadavres de bières, vinyls affichés au mur, poses guerrières et tout le bazar) est sûrement leur chanteur Tore Bratseth, ancien guitariste des très éphémères et franchement dispensables OLD FUNERAL, groupe de death-metal norvégien du début des années 90 qui est surtout resté pour l’histoire la bande de boy-scouts où Abbath et Demonaz d’IMMORTAL ainsi que l’infâme Count Grischnack de qui-vous-savez ont tous fait leurs débuts. Pas étonnant donc que les références de ce trentenaire bien tassé, qui s’amuse aussi à reprendre du MOTÖRHEAD avec son vieux potos Abbath dans BÖMBERS, soient alors à chercher du côté des années 80.

Donc même si bon sang ne saurait mentir et si un chouia de black-metal s’est glissé dans leur alcool frelaté – dans la voix de crapaud de Bratseth ou dans les arpèges d’intro de « Within The Frame of the Graveyard » par exemple – ‘Head Up High’ fait dans la veste à patches et le métal de bûcheron comme souligné par leur science du titre cliché et second degré bien rôdé et malgré l’effort mélodique accordé aux (rares) solos et cette production un chouia plus propre sur celle que celle, plus crue, de leur excellent premier album, ‘Stronghold Of Men’. En fait, même si on tombe aussi parfois sur des duels d'harmoniques très NWOBHM ("Undertakers And Neckbreakers") plus on progresse dans le disque et plus on pense aux premiers méfaits BEWITCHED, lorsque Anders Nyström alias Blakkheim de KATATONIA et pas encore de BLOODBATH, faisait partie du groupe. Particulièrement sur des titres comme le susnommé « Within The Frame of the Graveyard » ou « Each Man For Himself » sur lequel plane l’ombre du premier titre de BEWITCHED (« Hellspell ») fait plus que planer en rase-mottes…

Comme les Suédois (‘tain, je me demande ce qu’ils deviennent d’ailleurs eux), non seulement THE BATALLION assument donc leurs influences portées en bandoulière mais en plus, ils y ajoutent une vivacité assez vicieuse qui permet à leurs riffs de trancher comme il faut et d’avoir ainsi ce petit côté vicieux qui est souvent la marque de fabrique des ‘bons’ disques de black/thrash, une espèce dont hélas les exemples de réussites sont aussi rares que les posters de glam dans la chambre d'ado attardé de Cobra Commander.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 12893