Ferret a toujours eu du flair pour signer des groupes dont la réputation n'est plus à faire maintenant. Entre les emokids de Funeral For A Friend, les mystiques Misery Signals et les tarés de Every Time I Die, le label du New Jersey a su s'entourer de combos prometteurs, le tout renforcé à grand coup de publicité marquante.

Après un « Each Breath Haunted » sorti en 2006, The Banner revient avec son troisième disque (le second sur Ferret) qui continue sur la lancée du précédent opus mais en s'affirmant encore davantage. Car The Banner n'est pas vraiment un groupe de hardcore comme les autres, les influences stoner et sludge n'étant pas à proprement parler les plus fréquentes dans le hardcore. « Each Breath Haunted » annonçait déjà la couleur avec sa musique sombre, colérique et résolument dépressive. « Frailty » enfonce le clou dans la noirceur et signe un album très correct, à l'ambiance particulière et aux sonorités à rendre claustrophobe un teufeur sous LSD.

L'album démarre sur une introduction à la guitare presque country sur fond de vocaux lointains... Le truc totalement inutile d'autant plus que le titre suivant « The Worlf » est également catapulté par une introduction lourde et lente, presque doom. Après une petite minute de calme, la furie arrive et le hardcore prend le dessus. Une chose est sûre, les Ricains ne se sont pas calmés!
Leur musique est toujours aussi rapide et brutale, directe comme voiture de NASCAR percutant un mur à 300 à l'heure. A la croisée entre The Acacia Strain (pour le côté bordélique) et Ruiner (pour l'ambiance mélancolique), les p'tits gars du New Jersey pratiquent un hardcore dynamique et personnel, n'ayant pas peur de sortir des sentiers battus.

Il suffit d'écouter quelques chansons afin de se rendre compte que même les métalleux pourront s'intéresser à ce disque. « Leechbach » et ses plans lents pachydermiques pourraient bien attier les amateurs de sludge, « IWIWD » et sa courte minute déstabilise en raison de son riff tout en harmonique et en larsen, « I Am Ghost » et son introduction glaciale et flippante qui brouille les pistes en s'éloignant totalement du hardcore.
Cependant, nous sommes bien en présence d'un disque de hardcore. Entre les accélérations, les breaks bien sentis et les mosh parts, il est clair que le disque baigne dans cette ambiance.

Du point de vue de la production, The Banner a considérablement durci le ton. Les guitares, accordées je ne sais combien de tons en dessous, ronronnent et rugissent avec ferveur, créant une ambiance sombre et malsaine. « Frailty » est sur ce point bien plus orienté metal que « Each Breath Haunted ». La batterie est bien plus triggée et l'atmosphère générale s'est assombrie. Quant à la voix de Joey, elle est hurlée, rageuse, hystérique et puissante.

Pour conclure, voici un bon album efficace, personnel et couillu mais qui se retrouve le cul entre trois chaises avec d'un côté la vivacité du hardcore, de l'autre la lourdeur du metal et enfin le pendant sombre du sludge. Ceci risque de diviser encore plus les auditeurs mais en tout cas, j'adhère. Qui a dit que le hardcore était une musique qui stagnait ?


Rédigé par : Vision Of Beuh | 13/20 | Nb de lectures : 10804